Le marché du travail canadien a accueilli de nouveaux travailleurs pour un neuvième mois consécutif en août, ce qui constitue sa plus longue période de croissance depuis la crise financière d'il y a neuf ans.

La création de 22 200 emplois le mois dernier a aussi permis au taux de chômage de reculer de 0,1 point de pourcentage, à 6,2 pour cent, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Mais les données de l'agence fédérale démontrent que la croissance d'août a été alimentée par un type d'emploi moins désirable: les postes à temps partiel. En effet, quelque 110 400 emplois à temps partiel ont été créés, pendant que 88 100 emplois à temps plein disparaissaient.

L'agence souligne que la majorité des emplois à temps plein éliminés touchaient les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans. Le nombre de personnes à la recherche d'un emploi dans cette tranche d'âge a aussi reculé le mois dernier.

Le nombre d'employés salariés a reculé de 10 400 en août, a précisé Statistique Canada, tandis que le nombre de personnes se décrivant comme travailleurs autonomes, incluant les employés non payés d'entreprises familiales, a augmenté de 32 700.

«Bien que très vigoureux en surface, les détails de ce rapport sont généralement plus stagnants, ce qui donne un résultat partagé», a estimé l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, dans une brève note de recherche pour ses clients.

Croissance annuelle de 2,1%

Par rapport au mois d'août de l'an dernier, l'emploi a connu une hausse de 2,1 pour cent au pays, grâce à l'ajout de 374 000 emplois. De ces nouveaux postes, 213 400 étaient des emplois à temps plein, soit 57 pour cent d'entre eux.

Les données permettent de croire que l'économie a poursuivi sur sa lancée, après un début d'année plus vigoureux que prévu. La croissance économique a notamment convaincu la Banque du Canada de hausser son taux d'intérêt directeur à deux reprises. La dernière de ces hausses est survenue plus tôt cette semaine, après que Statistique Canada a dévoilé la semaine dernière que l'économie avait crû au rythme de 4,5 pour cent d'avril à juin.

Certains économistes ont estimé que les nouveaux chiffres sur l'emploi donnaient raison à la banque centrale et appuyaient même les prévisions de certains analystes qui misent sur une nouvelle hausse des taux d'intérêt d'ici la fin de l'année.

«En fait, si l'on regarde les 12 derniers mois, nous avons eu une création d'emplois remarquablement solide», a souligné Craig Alexander, économiste en chef du Conference Board du Canada. «L'économie canadienne montre qu'elle a un bon élan.»

Les données sur le marché du travail du mois dernier indiquent que les salaires ont grimpé de 1,8 pour cent par rapport à l'an dernier. Il s'agit de leur croissance la plus prononcée depuis octobre dernier.

Les industries productrices de services ont gagné 35 900 emplois le mois dernier, tandis que celles qui produisent des biens en ont perdu 13 700.

Peu de changements au Québec

L'Ontario a affiché le seul gain important parmi les provinces, avec la création de 31 000 emplois. Le taux de chômage de la province la plus populeuse a ainsi reculé de 0,4 point à 5,7 pour cent, ce qui était son plus faible niveau depuis janvier 2001. À l'autre bout du spectre, quelque 5600 emplois ont disparu en Nouvelle-Écosse et le taux de chômage y a grimpé de 1,0 pour cent à 8,9 pour cent.

Dans les autres provinces, les chiffres ont peu changé. Le Québec a perdu 6000 emplois et son taux de chômage a grimpé de 0,3 point par rapport au mois de juillet, pour atteindre 6,1 pour cent. «Pour le Québec, les résultats (...) ne s'inscrivent pas dans la tendance positive observée depuis le début de l'année», a expliqué dans une note Joëlle Noreau, économiste principale pour le service d'études économiques de Desjardins.

«Les résultats des deux derniers mois au Québec témoignent de la difficulté de conserver la même cadence d'embauche que celle enregistrée depuis janvier 2017.»