L'inflation annuelle a ralenti le mois dernier à sa plus lente cadence en près de deux ans, même si les ventes au détail ont affiché en mai leur troisième progression en autant de mois, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Ces nouvelles données ont renforcé l'impression de plusieurs observateurs voulant que tout nouveau resserrement de la politique monétaire de la Banque du Canada soit introduit de façon graduelle.

Dans l'ensemble, les prix à la consommation n'ont progressé que de 1,0 % le mois dernier, comparativement au même mois l'an dernier. Les chiffres de mai et d'avril avaient fait état d'une inflation de 1,3 % et 1,6 %, respectivement.

Cette nouvelle décélération de l'inflation a éloigné encore davantage le taux de la cible idéale de 2,0 % préconisée par la banque centrale. L'inflation ralentit depuis le mois de février - soit le dernier mois où elle s'est établie à 2,0 %.

Certains experts ont vu dans la faiblesse des données sur l'inflation une raison pour la banque centrale de ne pas recourir à une nouvelle hausse de son taux d'intérêt directeur pour l'instant, malgré les signes de reprise de l'économie.

Cependant, la banque a déjà haussé son taux directeur - pour la première fois en près de sept ans. Ce faisant, le conseil de direction de la banque a expliqué que la faiblesse de l'inflation était essentiellement temporaire et a prédit que le taux se rapprocherait du cap des 2,0 % d'ici la mi-2018.

Plusieurs économistes ont estimé que les chiffres dévoilés vendredi ne changeraient probablement pas grand-chose à la vision de la banque centrale. Mais son gouverneur Stephen Poloz risque de continuer à raffermir la politique monétaire - en haussant les taux d'intérêt - à un rythme modéré, ont-ils souligné.

«On dirait bien qu'ils vont rester assez prudents en ce qui a trait aux hausses des taux d'intérêt et ces données sont une raison pour ne pas se précipiter», a estimé Nathan Janzen, un économiste principal de la Banque Royale.

M. Poloz a haussé le taux directeur de 0,25 point de pourcentage pour le porter à 0,75 %. La banque centrale avait abaissé son taux de 0,25 point à deux reprises en 2015, pour parer aux contrecoups du plongeon des prix du pétrole.

Plusieurs observateurs s'attendent à ce que la banque centrale hausse de nouveau son taux directeur de 25 points de base en octobre, ce qui finirait de renverser les baisses opérées en 2015.

«(Le taux directeur) reste tout de même très faible en regard des normes historiques», a souligné M. Janzen.

L'inflation de juin était conforme aux attentes des économistes, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Selon Statistique Canada, la faiblesse des prix de l'essence le mois dernier a été un des principaux contributeurs au ralentissement. Les prix à la pompe se sont contractés de 1,4 % par rapport à l'année précédente.

Les prix de l'électricité ont diminué de 5,3 % au cours de la même période, tandis que les autres coûts de l'énergie ont augmenté. Les prix du gaz naturel ont notamment pris 10 %, tandis que ceux du mazout et d'autres carburants ont grimpé de 7,8 %.

La pression à la hausse sur les prix émanait des coûts de l'hébergement des voyageurs, qui ont pris 7,1 %. Ceux des voyages organisés ont avancé de 7,0 %, tandis que ceux des restaurants ont grimpé de 2,5 %.

Les prix des aliments ont avancé de 0,6 % en juin - leur première augmentation après huit mois consécutifs de contraction.

Deux des mesures de l'inflation de base, qui omettent certains produits dont les prix sont plus volatils, ont légèrement accéléré le mois dernier, à 1,6 % et à 1,4 %, tandis que la troisième est restée inchangée à 1,2 %.

La banque centrale porte une attention particulière à ces mesures avant de prendre des décisions sur sa politique monétaire.

«En ce qui a trait aux mesures utilisées par la Banque du Canada pour évaluer l'inflation sous-jacente, celles-ci étaient plus fortes par rapport aux mois précédents», a noté l'économiste Matthieu Arseneau, de la Banque Nationale, dans une note de recherche.

«Ce rapport soutient notre opinion voulant que la banque centrale va hausser son taux de financement à un jour une nouvelle fois d'ici la fin de l'année, particulièrement parce (qu'elle) a attribué la récente faiblesse de l'inflation à des facteurs temporaires.»

Statistique Canada a aussi dévoilé les données sur les ventes des détaillants pour le mois de mai. Ces dernières ont progressé de 0,6 %, ce qui constituait une troisième hausse en autant de mois. La valeur des ventes des détaillants a atteint plus de 48,9 milliards.

Cette progression a été alimentée en partie par de plus fortes ventes de véhicules automobiles, ainsi que par les achats de produits d'épicerie et d'alcool, a précisé l'agence fédérale.