Restaurants Giorgio (Amérique), ancien franchiseur des restaurants Giorgio et Steak Frites St-Paul, a fait faillite il y a une dizaine de jours, a appris La Presse. La centaine d'employés y perdent collectivement plus de 300 000 $, essentiellement leurs indemnités de vacances et de licenciement.

« Aux normes du travail, on nous dit qu'il n'y a rien à faire », déplore une ex-travailleuse qui, outrée, a communiqué avec La Presse pour dénoncer la situation. Elle ne veut pas être identifiée pour ne pas nuire à sa recherche d'un nouveau gagne-pain. Le plus choquant, c'est perdre ses vacances, dit-elle. « Il y a des employés là-dedans qui ont 10 000 $ en journées de vacances. Je ne peux pas croire qu'au Québec, c'est comme ça que ça se passe en 2017 », ajoute-t-elle, dégoûtée.

La Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail n'a pas voulu commenter le dossier Giorgio spécifiquement. Par courriel, elle nous dit qu'elle pourrait, à certaines conditions précises, poursuivre les administrateurs d'une entreprise qui a fait faillite, personnellement, afin de réclamer le salaire et les indemnités de vacances, mais pas les indemnités de licenciement collectif.

Selon les normes du travail, l'employeur doit aviser ses employés d'un licenciement collectif, à défaut de quoi l'employeur doit verser une indemnité équivalente à ce que le salarié aurait normalement gagné entre la date à laquelle l'avis aurait dû lui être envoyé et la fin de son emploi. Pour un employé ayant 10 ans d'ancienneté, il est question de deux mois de salaire.

Les indemnités sont considérées comme des créances ordinaires, explique Stéphane Lachance, syndic au dossier. Pour ce qui est des vacances, quand la faillite survient six mois ou plus après le licenciement collectif, ce qui est le cas ici, les vacances perdent leur privilège et deviennent une créance ordinaire.

Dans la faillite de Giorgio (Amérique), les vacances s'élèvent à 50 000 $ sur des créances dues aux travailleurs de 329 000 $. Le solde représente des indemnités de licenciement collectif.

AUTOMATIQUEMENT EN FAILLITE

En difficulté financière, l'entreprise du restaurateur George Despatie avait déposé un avis d'intention de faire une proposition à ses créanciers le 13 avril dernier. Par la suite, le syndic Demers Beaulne a vendu les marques de commerce à la société MTY pour 330 000 $. Le tribunal a avalisé la transaction le 5 mai. Dans sa décision, la Cour a refusé aux franchisés, qui étaient prêts à payer 450 000 $ et même plus, la possibilité de déposer une offre, car ils s'y étaient pris trop tard.

Giorgio (Amérique) a par la suite fait défaut de présenter une proposition dans le délai imparti. Le cas échéant, la société tombe automatiquement en faillite, indique M. Lachance.

Le désarroi de notre interlocutrice grandit un peu plus encore quand elle pense que MTY a accepté de verser des honoraires 120 000 $ à M. Despatie pour ses services pendant un an.

Les dettes du failli s'élèvent à 2,5 millions. À la suite de l'achat par MTY, il reste un peu moins de 163 000 $ en banque. La différence entre le prix de vente de 330 000 $ et le solde bancaire a servi notamment à rembourser le prêt hypothécaire de la Banque Royale sur les biens qui ont été vendus, dit M. Lachance. L'assemblée des créanciers est prévue le 14 juin à 14 h 30 au bureau du syndic.

La chaîne Giorgio a connu ses heures de gloire dans les années 80 et 90. En 1995, on dénombrait pas moins de 30 établissements Giorgio. Le chiffre d'affaires dépassait alors les 30 millions. En 2016, 7 restaurants ont fermé, portant le total des fermetures à 13 restaurants au cours des 30 derniers mois. Lors de la vente des marques de commerce, le 5 mai, le réseau comptait 15 établissements : 6 Giorgio et 9 Steak Frites St-Paul.