Comme elle l'avait laissé entendre il y a un peu plus de deux semaines, Bell a annoncé hier un nouveau service de télévision à moindre coût qui cible particulièrement le public tenté de se désabonner de la télévision.

D'un point de vue technique, le nouveau service, baptisé Fibe Alt Télé, se distingue de son « grand frère » Fibe Télé presque uniquement par l'absence d'un décodeur. Il est accessible par une application dans des appareils mobiles iOS ou Android, sur la télé avec le plus récent des Apple TV ou sur un ordinateur par l'entremise d'un site web.

C'est de cette façon que Bell explique son coût inférieur à la télé traditionnelle.

« La personne appelle chez nous, et on peut activer le service à distance, il n'y a pas d'installation ou d'entretien pour nous », indique Nicolas Poitras, vice-président au marketing et aux communications chez Bell.

Plus précisément, Alt Télé « sera toujours au moins 10$ moins cher par mois » que Télé Fibe, indique M. Poitras. La différence pourrait augmenter pour les clients devant ajouter à leur facture la location d'un décodeur.

CANNIBALISATION

Le nouveau service pourrait être tentant pour des gens déjà abonnés de Bell et créer un certain effet de cannibalisation, a reconnu son PDG, George Cope, en entrevue à la sortie d'une conférence qu'il prononçait hier midi devant le Cercle canadien, à Montréal.

« Mais on a le choix entre attendre que le marché s'éloigne de nous et aller vers le marché. »

Il y a des inconvénients à Alt Télé. Le système ne permet pas les enregistrements ou le rembobinage, et il est possible de syntoniser seulement deux chaînes à la fois dans la maisonnée. Les bouquets de chaînes sont essentiellement les mêmes que pour le service télé traditionnel.

RÉGI PAR LE CRTC

D'un point de vue légal, Bell considère ce service comme étant régi par la licence de distribution de radiodiffusion que lui a déjà attribuée le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour son service Télé Fibe. C'est la raison pour laquelle, selon M. Cope, il ne peut être offert qu'aux abonnés des services internet de Bell au Québec et en Ontario, le territoire couvert par cette licence.

Ce point de vue permet aussi à Bell de soustraire les données nécessaires à la distribution de ce service télé des plafonds mensuels de ses forfaits internet, comme le sont celles attribuables au service Fibe Télé régulier, explique-t-on. Alt Télé n'est pour l'instant offert qu'en combinaison avec des forfaits internet illimités, mais ce n'est pas pour couvrir les données d'Alt Télé, assure M. Poitras.

« Le public ciblé est probablement déjà un grand amateur de télévision sur l'internet, c'est donc plus une question d'attrait pour le public cible qu'autre chose. » - Nicolas Poitras, vice-président au marketing et aux communications

Les données sont toutefois comptabilisées à la régulière lors de l'écoute sur des appareils mobiles, quand elles transitent par les réseaux 4G.

M. Cope a dressé un parallèle entre le public ciblé et celui qui habite généralement les immeubles en copropriété, soit des foyers d'une ou deux personnes.

Pour M. Poitras, Alt Télé comble un besoin ressenti par nombre de « décrocheurs » du câble.

« Pour ces gens, il y avait des trous, et on entendait la demande, qui concernait surtout les événements en direct comme les sports ou les grands galas. »

Bell affirme être le premier opérateur au Canada et le deuxième en Amérique du Nord à offrir un tel service.