Sans que l'on s'en doute, la présence de centres de données a des retombées tangibles pour les bureaux du centre-ville de Montréal. La française OVH en donne l'exemple, elle qui fêtera dans les prochains jours ses cinq ans au Québec.

La société à capital fermé, fondée à Roubaix par Octave Kalba, avait marqué son arrivée en Amérique de façon spectaculaire en récupérant l'ancienne aluminerie Alcan à Beauharnois pour en faire d'ici 20 ans, prétendait-elle, l'un des plus gros centres de données en infonuagique en Amérique du Nord, d'une capacité de 360 000 serveurs.

L'histoire paraissait trop belle pour être vraie et pourtant, cinq ans plus tard, OVH a investi plus de 40 millions, emploie 165 personnes au Québec et héberge 63 000 serveurs à Beauharnois. Elle a aussi ouvert un centre de recherche et développement à Québec.

Au centre-ville de Montréal, le numéro un européen et numéro quatre mondial des centres de données en infonuagique a établi l'un de ses deux centres de service, de même que l'un de ses quatre centres d'appels ; ouverts tous les deux 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. OVH sert 1 million de clients hébergés sur l'un ou l'autre de ses 300 000 serveurs.

La Presse a rencontré Cédric Combey, vice-président, ventes et marketing Canada, pour dresser le bilan du premier quinquennat en terre d'Amérique.

OVH Canada a signé un bail de 10 ans, l'an dernier, pour un peu plus de la moitié du huitième étage au 1801, avenue McGill College. Au départ, l'équipe canadienne craignait d'avoir vu trop grand ; un an plus tard, M. Combey est persuadé que les locaux deviendront insuffisants plus tôt que tard.

L'entreprise, qui cherche actuellement à pourvoir 30 postes additionnels, a tenu une première foire à l'emploi mardi dernier, où se sont présentés près de 80 candidats.

À l'échelle mondiale, le groupe est passé de 850 à 2000 salariés en deux ans. Au cours de son dernier exercice financier, il a embauché plus de 450 personnes et a annoncé l'ouverture de deux centres de données aux États-Unis, en Virginie et en Oregon.

« C'est débile, la croissance dans notre marché ! », s'est exclamé M. Combey.

Contrairement aux autres centres de données, OVH a la particularité de ne pas se servir de la climatisation, ce qui abaisse ses coûts d'énergie par rapport à ses concurrents. La société a plutôt recours à la ventilation et à une technologie par refroidissement à l'eau.

OVH est loin d'être le seul centre de données en mode croissance.

QUÉBEC EN VEUT PLUS

L'énergie utilisée par les centres de données en exploitation au Québec est appelée à être multipliée par sept d'ici 2020, signe indéniable de la croissance exponentielle que connaît cette industrie.

« À la fin de 2016, on vendait pour l'équivalent de 50 mégawatts de puissance, surtout dans les créneaux de centres de colocation et d'infonuagique », a indiqué Éric Filion, vice-président, clientèle, d'Hydro-Québec Distribution, qui était l'invité mercredi midi de l'Institut de développement urbain du Québec.

« La capacité à terme, avec ce qu'on connaît aujourd'hui, d'ici à 2020, il y en a pour quasiment 350 mégawatts de demande dans nos systèmes, a poursuivi M. Filion. Évidemment, on veut attirer d'autres joueurs au Québec. »

Cette puissance de 350 mégawatts représente des revenus potentiels d'environ 100 millions par année, avait estimé un haut dirigeant d'Hydro-Québec lors d'un sommet sur les centres de données qui s'était déroulé en janvier à Montréal. 

Déjà hôte de 40 centres de données, le Québec en accueillera d'autres, s'il n'en tient qu'au distributeur d'électricité Hydro-Québec qui déploie une stratégie pour les convaincre de s'établir au Québec depuis juin 2016.

1 million : Nombre de clients hébergés sur l'un ou l'autre des 300 000 serveurs d'OVH