Le service Musique illimité, offert par Vidéotron, accorde une préférence «indue ou déraisonnable» à certains abonnés et entreprises de streaming, a tranché le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. L'organisme fédéral ordonne par conséquent à Vidéotron de cesser d'offrir Musique illimitée ou d'en modifier substantiellement les modalités.

Musique illimitée, lancé en août 2015, permet à certains abonnés à la téléphonie mobile de Vidéotron d'écouter 19 services de diffusion de musique en continu, sans que les données téléchargées soient comptabilisées. Cette possibilité est offerte aux abonnés aux services Premium d'au moins 3 Go de données, offerts à partir de 64,95$. L'abonné a ainsi accès à des services comme Apple Music, Google Play, Spotify et Tidal.

En septembre 2015, deux plaintes contre Musique illimitée avaient été déposées au CRTC, impliquant notamment l'Association des consommateurs du Canada et Rogers. On jugeait que ce service de Vidéotron favorisait indûment certains fournisseurs et abonnés, et constituait une brèche dans le principe de la neutralité de l'internet. Selon ce concept, un fournisseur de services internet ne peut intervenir pour favoriser certains types de contenus.

Lors des audiences tenues en octobre 2016, Vidéotron et Bell, notamment, avaient fait valoir que ce type d'offres, appelées «différenciation des prix», leur permettait de se démarquer de la concurrence et d'élargir leur bassin de consommateurs.

Rogers s'est réjoui de cette décision du CRTC. «Nous sommes heureux que les fournisseurs internet ne puissent plus jouer le rôle contrôleur et donner un accès privilégié à quelques abonnés», a fait savoir le premier vice-président de Rogers Communications, David Watt, par voie de communiqué.

Le CRTC a finalement retenu les arguments des demandeurs et conclu que Musique illimitée contrevient à la Loi sur les télécommunications. Vidéotron a jusqu'au 19 juillet 2017 pour abolir ou modifier son service Musique illimitée.

Vidéotron n'avait toujours pas réagi au moment d'écrire ces lignes.

- Avec La Presse canadienne