La société Technologies Orbite, qui s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, doit près de 43 millions de dollars à quelque 300 créanciers, une liste sur laquelle figurent l'État québécois et le gouvernement fédéral, qui ont aidé la société à hauteur de quelque 25 millions.

Les deux ordres de gouvernement occupent toutefois des rangs différents d'après l'avis d'intention déposé par la société, dont l'usine de Cap-Chat, en Gaspésie, a nécessité des investissements totalisant près de 130 millions.

Si Ottawa fait partie des quelques créanciers garantis - qui ont un droit prioritaire sur l'actif en cas de liquidation - la situation est bien différente pour Québec, qui a injecté 20 millions dans l'aventure.

Investissement Québec (IQ) avait acheté pour 15 millions d'actions de l'entreprise. Le bras financier du gouvernement québécois - le plus important actionnaire de la société - a également octroyé une débenture convertible de 5 millions.

«L'argent ne vient pas de nos fonds propres, a indiqué mardi la porte-parole d'IQ, Chantal Corbeil. Nous avons été mandatés par le gouvernement dans ce dossier. Cela ne figurera pas dans nos résultats.»

Orbite a de plus bénéficié d'un prêt de 2 millions du ministère de l'Économie du Québec, qui avait été consenti en 2010 dans le cadre du Fonds d'aide aux municipalités monoindustrielles. Il s'agit là aussi d'une créance non garantie.

Les transactions ont été interrompues sur le titre d'Orbite pour une durée indéterminée depuis lundi, le temps que l'entreprise puisse soumettre une proposition à ses créanciers. À la Bourse de Toronto, l'action valait 23 cents, bien loin de son sommet de 5,69 $ atteint en avril 2011.

Pour sa part, Ottawa se retrouve sur la liste des créanciers garantis à hauteur de 4,64 millions. En 2014, le gouvernement fédéral avait entre autres prêté 4 millions à Orbite, qui avait préalablement obtenu un prêt de 800 000 $ en 2009.

«Nous pouvons récupérer 13 millions grâce à des crédits d'impôt et un autre 13 millions qui sont garantis par des biens de l'usine», a précisé un porte-parole d'Orbite, Éric Gamache.

La semaine dernière, l'entreprise, qui compte une quarantaine d'employés, avait annoncé la suspension des activités de son usine gaspésienne, attribuant le problème à un calcinateur fourni par la firme finlandaise Outotec. Lundi, elle s'est placée à l'abri de ses créanciers en plus d'annuler la conférence téléphonique qui devait suivre la publication de ses résultats du quatrième trimestre.

Orbite a connu d'importants retards et dépassements de coûts dans la construction de son usine d'alumine de haute pureté de Cap-Chat. La production des installations - qui était attendue pour 2015 - devait être destinée aux industries de hautes technologies (lasers, lampes, circuits électroniques, etc.).

La société dit avoir besoin d'environ 8 millions d'argent neuf et de huit mois pour «mettre en oeuvre la solution permettant une production fiable».

«Nous sommes au courant de la situation de la société, mais nous ne sommes pas en discussion pour cela», a répondu Mme Corbeil, lorsque questionnée à savoir si IQ pourrait devoir injecter davantage d'argent.

Pour amasser les 8 millions nécessaires, Orbite mise d'abord et avant tout sur la réclamation qu'elle a transmise à sa compagnie d'assurance, a précisé M. Gamache. Elle pourrait également se tourner vers les tribunaux contre Outotec.

Après les neuf premiers mois de l'exercice 2016, la perte de l'entreprise était de 8,4 millions, soit presque autant qu'à la même période l'année dernière.