L'un des principaux créneaux dans lesquels Montréal devrait se spécialiser pour devenir une référence en matière d'innovation et de nouvelles technologies financières (fintech) est la ludification, c'est-à-dire l'application de mécanismes de jeu au domaine financier.

C'est l'une des recommandations qui se dégagent d'un rapport rédigé pour l'organisation Finance Montréal que La Presse a obtenu. Le document prône la création d'un pôle d'excellence Fintech dans la métropole - une sorte de « Maison Fintech » - visant à accélérer le développement de ce secteur et des entrepreneurs d'ici qui s'y consacrent.

« Ça fait longtemps que je me promène en disant qu'il faut créer un pôle Fintech à Montréal. Mais c'était plus intuitif », dit Mario Albert, directeur général de Finance Montréal. « Ce rapport positionne mieux les morceaux », ajoute-t-il avant de souligner que l'organisme qu'il dirige songe sérieusement à mettre en application les recommandations.

La ludification est l'un des quatre sous-secteurs sur lesquels Montréal devrait miser pour se distinguer des autres chefs de files du Fintech ailleurs dans le monde.

« Le Québec possède le talent nécessaire pour développer des applications Fintech sur des appareils mobiles ou sur d'autres plateformes, comme des consoles de jeux vidéo, qui pourraient révolutionner les services financiers », peut-on lire dans le rapport d'une soixantaine de pages produit par EY.

« Beaucoup d'applications vont se développer dans le futur. Elles vont prendre une "twist" différente de la tablette et du cellulaire. Une institution financière pourrait par exemple échanger avec un consommateur à travers une application sur une Xbox. Techniquement, rien n'empêche de transférer de l'argent, consulter son solde ou de préparer un virement au moyen d'une console de jeu », dit Sébastien René, associé aux services consultatifs chez EY.

LES AUTRES CRÉNEAUX

Les autres créneaux de spécialisation à privilégier, selon le rapport, sont l'intelligence artificielle, l'internet des objets et la science des données. Mettre l'accent sur ces sous-secteurs serait au coeur de la mission de ce futur « hub » visant à stimuler l'écosystème Fintech du Québec. Développer une marque de commerce distinctive, mettre en place un réseau d'espaces locatifs voué aux Fintech et déployer un guichet unique de type portail au bénéfice des entrepreneurs Fintech sont d'autres éléments suggérés dans le rapport.

L'instauration d'un programme de mentorat soutenu par les institutions financières de la province est également chaudement proposée et ces dernières sont prêtes à participer, selon le rapport. 

Chaque institution financière « adopterait » des entreprises Fintech à différents stades de leur cycle de vie pendant une période de quatre à six mois, et ce, sans droits d'exclusivité. « Pendant cette période, les Fintech parrainées auraient accès aux professionnels de l'institution financière, à certaines de ses ressources (données, infrastructure, etc.) et à un lieu de travail physique afin de favoriser la collaboration », peut-on lire dans le document.

CRÉER ICI LES EMPLOIS D'AVENIR

La collaboration des universités de la province est par ailleurs requise par les auteurs du rapport pour attirer les développeurs, programmeurs et ingénieurs vers le secteur financier pour aider à créer ici les emplois d'avenir dans l'industrie. 

« Contrairement à d'autres secteurs d'activité, le secteur des services financiers n'est pas le premier choix des finissants des facultés d'ingénierie et de technologie », souligne le rapport. « Les universités doivent redéfinir ce milieu et créer une nouvelle terminologie pour expliquer les nouveaux métiers dans les institutions financières afin d'y intéresser les jeunes », dit Mario Albert.

Les mesures suggérées peuvent toutes être implantées dans un horizon de 6 à 12 mois, indique le rapport.