Alibaba, numéro un du commerce électronique en Chine, se propose d'acquérir une participation majoritaire dans l'opérateur chinois de centres commerciaux Intime, une opération évaluée à 3,38 milliards de dollars CAD qui lui permettrait de renforcer ses interactions entre ses plateformes et des magasins en dur.

Le mastodonte du web veut s'associer au président d'Intime, Shen Guojun, pour retirer l'entreprise de la Bourse de Hong Kong en rachetant leurs titres aux actionnaires actuels, selon un communiqué diffusé mardi.

Il propose une nette surcote (+42%) par rapport au cours du titre avant sa suspension fin décembre. Au total, l'opération suppose un montant en liquidités d'environ 19,8 milliards de dollars de Hong Kong (3,38 milliards de dollars CAD), selon Alibaba.

Le groupe emblématique fondé par le milliardaire Jack Ma possède déjà 28% d'Intime, et à l'issue de la transaction proposée, il espère en contrôler «environ 74%».

Intime opère en Chine 17 centres commerciaux mais aussi 29 grands magasins, essentiellement dans les plus grosses métropoles de l'est du pays.

À l'heure où les achats en ligne des consommateurs chinois continuent de s'envoler, Alibaba diversifie tous azimuts ses sources de croissance, investissant dans des applications et dans le divertissement... avant d'explorer le commerce de détail en dur.

Un apparent paradoxe: les centres commerciaux chinois ont vu leurs ventes se tasser face au succès des plateformes de commerce électronique.

De fait, nombre de jeunes Chinois font désormais du lèche-vitrine en consultant leur écran de portable, afin de comparer les prix et commander en ligne, tout en ayant essayé l'objet réel en magasin.

«Nouveau modèle»

«Nous ne divisons pas le monde entre l'économie réelle et l'économie virtuelle, seulement entre un vieux modèle et un nouveau», s'est justifié Daniel Zhang, directeur général d'Alibaba.

«Les commerces en dur peuvent continuer à produire de la valeur s'ils intègrent le pouvoir des applications mobiles, les réponses des clients en temps réel, et les technologies capables d'améliorer leur efficacité» en leur permettant d'adapter leurs stocks et sélections de produits, a-t-il expliqué.

Selon lui, les lignes entre commerce électronique et magasinage en boutique se brouillent. Près de 80% des achats réalisés sur les plateformes d'Alibaba sont réalisés via un téléphone intelligent, «soit n'importe quand, et depuis n'importe où».

Le secteur de la vente de détail, qui pèse 4270 milliards d'euros selon Alibaba, croît de plus de 10% par an, soutenu par un gouvernement désireux de doper la consommation intérieure.

Un mouvement que les plateformes de commerce électronique ont accompagné: environ 10% du total des ventes de détail en Chine se réalisent d'ailleurs sur internet.

Dans le même temps, Alibaba multiplie les efforts pour s'ouvrir davantage à l'international, avec un succès parfois mitigé.

Le groupe avait ainsi tenté en 2014 de lancer une plateforme haut de gamme aux États-Unis («11 Main») -- sur un marché local pourtant très compétitif --, avant de finalement la revendre un an plus tard.

Plus de deux ans après l'introduction en fanfare d'Alibaba à Wall Street, Jack Ma, ancien professeur d'anglais, continue cependant de lorgner sur l'Amérique: il a ainsi eu un entretien très médiatisé lundi avec le futur occupant de la Maison-Blanche, Donald Trump.

Après avoir rencontré le milliardaire à New York, M. Ma a précisé devant les caméras vouloir soutenir «un million de petites entreprises américaines» qui vendent des produits et services américains à la Chine.

Alibaba, en aidant ces entreprises à développer leurs débouchés en Chine via ses plateformes de vente, pourrait contribuer à «créer un million d'emplois», a même assuré Jack Ma, selon un communiqué du groupe.