Le groupe internet américain Yahoo! a confirmé lundi que sa patronne Marissa Mayer ne resterait pas au conseil d'administration de la société d'investissement qu'il va devenir après la vente de son coeur de métier à l'opérateur de télécoms Verizon.

D'après un document boursier, l'entreprise, qui conservera les actifs financiers non rachetés par Verizon (c'est-à-dire essentiellement la participation dans le groupe chinois Alibaba), sera rebaptisée Altaba et réduira la taille de son conseil d'administration à 5 membres. Les six autres membres actuels du conseil, dont Marissa Mayer et le cofondateur de Yahoo!, David Filo, ont annoncé leur intention de partir.

Marissa Mayer avait laissé entendre dès l'annonce de la transaction avec Verizon qu'elle allait rejoindre l'opérateur de télécoms avec le reste des équipes travaillant dans le coeur de métier.

«Pour moi personnellement, j'ai l'intention de rester. J'aime Yahoo!, et je crois en vous tous. C'est important pour moi de voir Yahoo! entrer dans son prochain chapitre», avait-elle indiqué dans un message envoyé à l'époque aux salariés.

Les six démissions prendront effet «immédiatement après le bouclage» de la vente du coeur de métier à Verizon, et «ne sont dues à aucun désaccord avec l'entreprise sur un quelconque sujet lié aux activités, aux politiques et aux pratiques de l'entreprise», précise le document, transmis par Yahoo! au gendarme boursier américain (SEC).

Le groupe ajoute que, «pour faciliter la transition de l'entreprise vers une société d'investissement après le bouclage» de la transaction avec Verizon, la présidence du conseil d'administration va échoir avec effet immédiat à l'un des membres qui continueront d'y siéger, Eric Brandt.

L'actuel président du conseil d'administration, Maynard Webb, qui fait partie des membres sur le départ, conserve son titre uniquement à titre émérite.

Verizon avait annoncé l'été dernier son intention de racheter pour 4,8 milliards de dollars le coeur de métier de Yahoo!, à savoir ses activités de publicité en ligne ainsi que ses sites internet comme Yahoo Mail ou Yahoo News, après avoir déjà racheté en 2015 une autre vedette déchue d'internet, AOL.

Vedette déchue

Certains observateurs ont toutefois spéculé sur des efforts de Verizon pour réduire ce montant, voire éventuellement renoncer totalement à l'opération, à la suite de la révélation d'une série de cyberattaques de très grande ampleur sur le groupe internet.

En septembre, il avait annoncé que 500 millions de ses comptes d'utilisateurs avaient été compromis lors d'une cyberattaque datant de 2014. Et en décembre, il a admis qu'une autre cyberattaque, en 2013 cette fois, avait frappé plus d'un milliard de ses utilisateurs.

Malgré la première révélation de piratage, Verizon s'était dit prêt fin octobre à mener à bien la transaction mais avait prévenu qu'il ne le ferait pas «aveuglément».

Après la seconde en décembre, il avait assuré qu'il attendrait «d'évaluer l'impact de ce nouvel épisode avant de parvenir à des conclusions finales».

«Nous évaluerons la situation pendant que Yahoo! continue ses investigations», avait-il ajouté.

Le document boursier publié lundi souligne les risques encourus par Yahoo!, dont la possibilité que Verizon formule des réclamations ou renégocie les conditions de l'opération «en raison des faits relatifs aux incidents de sécurité divulgués».

Yahoo!, qui traverse de grandes difficultés financières, n'avait pas besoin de ce nouveau coup dur risquant de compromettre ou du moins de déprécier le rachat de son coeur de métier par Verizon.

Pionnier d'internet, le groupe fondé en 1994 a, un temps, été la référence en matière de moteur de recherche et affolait les compteurs avec une valorisation boursière de 125 milliards de dollars. Mais la vedette des années 90 ne s'est jamais remise de l'arrivée de Google qui l'a détrônée et ringardisée.