Les prix des aliments ont affiché en octobre leur premier recul sur une base annuelle en près de 17 ans, malgré une accélération de l'inflation.

La situation dans laquelle se retrouvent les prix des aliments marque un revirement par rapport au début de l'année, a estimé l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter.

«C'est ce qui explique principalement pourquoi l'inflation reste si limitée pour l'instant», a observé M. Porter.

L'indice des prix à la consommation a avancé en octobre de 1,5 % par rapport à l'an dernier, a indiqué vendredi Statistique Canada. Cette croissance des prix s'est avérée conforme aux prévisions des économistes.

En comparaison, l'inflation avait été de 1,3 % en septembre.

Cependant, les prix des aliments ont affiché leur premier recul sur une base annuelle depuis janvier 2000. Ils ont diminué de 0,7 % en octobre.

Les prix des aliments achetés en épicerie ont connu leur plus important déclin depuis juillet 1992, cédant 2,1 %. Les prix des aliments achetés dans les restaurants ont gagné 2,6 %.

La stabilité du dollar canadien a aidé les prix des aliments, a noté M. Porter, tout comme une forte récolte aux États-Unis, qui a fait baisser le coût des ingrédients.

«Il y a aussi, bien sûr, l'intense concurrence entre les épiciers et certaines chaînes de grands magasins qui tentent de vendre des aliments, alors nous sommes aussi au beau milieu d'une guerre de prix», a observé M. Porter.

Plus tôt cette semaine, le président des Compagnies Loblaw, Galen Weston, a indiqué que le marché des aliments était en train de passer d'un environnement inflationniste à un environnement déflationniste au plus récent trimestre.

M. Weston a profité d'une conférence téléphonique avec des analystes au sujet des résultats de son entreprise pour expliquer que son entreprise réduisait ses prix pour attirer les consommateurs.

Dans son rapport de vendredi, Statistique Canada a précisé que les prix avaient grimpé dans six des huit grandes composantes de l'indice des prix à la consommation. Les groupes des transports et du logement sont ceux qui ont le plus contribué à l'augmentation annuelle, laquelle a été partiellement contrebalancée par le recul du secteur de l'alimentation.

L'indice des prix des transports a gagné 3,0 % par rapport à l'an dernier, en raison des prix de l'essence, qui ont progressé de 2,5 %.

«Les prix de l'essence ont pesé sur l'inflation d'ensemble pendant la plus grande partie des deux dernières années, a noté l'économiste Nick Exarhos, de la Banque CIBC. Mais ils ont finalement recommencé à grimper», a-t-il écrit dans une note à ses clients.

En excluant l'essence, l'indice des prix à la consommation a grimpé de 1,4 % par rapport à l'an dernier, après avoir gagné 1,5 % en septembre.

Cependant, la faible tendance de l'inflation de base fait en sorte que la Banque du Canada ne devrait pas modifier sa politique monétaire de sitôt, a prévenu M. Exarhos.

«Même si la reprise des prix de l'énergie devrait continuer à faire grimper l'inflation, les tendances sous-jacentes resteront discrètes pendant que l'écart de production continuera à peser», a écrit M. Exarhos.

L'inflation de base, qui exclut les produits dont les prix sont plus volatils, comme les aliments et l'essence, s'est établie à 1,7 % par rapport à l'an dernier. Les économistes s'attendaient à ce qu'elle soit de 1,8 %.

La banque centrale s'intéresse davantage à cette mesure de l'inflation et tente de faire en sorte que celle-ci soit le plus près possible du point central de sa fourchette cible d'entre 1 et 3 %.