Les États-Unis ont connu pendant l'été leur plus forte expansion économique depuis deux ans, une bonne nouvelle pour le camp démocrate à moins de deux semaines de la présidentielle.

La croissance économique aux États-Unis a accéléré à 2,9% au 3e trimestre en rythme annualisé, selon la première estimation publiée vendredi par le département du Commerce.

Ce rythme d'expansion, tiré par un bond des exportations et un retour à la formation de stocks, est le plus fort depuis le 3e trimestre 2014.

Les analystes tablaient sur 2,5% pour cette première évaluation de la croissance estivale, un des derniers indicateurs économiques majeurs publiés avant les élections présidentielles du 8 novembre, avec les chiffres de l'emploi pour octobre prévus le 4 novembre.

Pour les six premiers mois de l'année, la croissance de la première économie mondiale n'avait atteint qu'un maigre 1%, ce qui a fait dire au candidat républicain Donald Trump que l'économie était «un désastre» et qu'«à l'heure qu'il est, le pays se meurt».

Mais à 2,9%, selon Greg Vallière, économiste à Horizon Investments, «l'économie est dans une forme décente». «Ce rapport montre une économie solide (...). Hillary Clinton doit tout simplement ne pas s'en vanter. Mais c'est un gros plus pour elle», a affirmé cet expert interrogé vendredi par le magazine Politico.

La Maison-Blanche s'est juste félicitée dans un communiqué du rythme de croissance «notablement plus rapide» qu'au premier semestre.

Elle a salué le vif rebond des exportations qui ont grimpé de 10%, malgré l'appréciation du dollar et la croissance morne à l'étranger.

Cette hausse, que plusieurs analystes jugent «extrême», s'explique en grosse partie par la très forte demande pour les exportations américaines de soja en raison de la sécheresse au Brésil cet été.

Du côté des entreprises, certains investissements sont repartis à la hausse (+3,1% dans les structures, reflétant une reprise dans l'extraction pétrolière) alors qu'ils étaient en berne depuis trois trimestres.

La Fed sur les rails

Mais surtout, l'évolution des stocks a enfin fini par aller dans le bon sens, après avoir pesé sur le PIB pendant cinq trimestres, les entreprises préférant puiser dans ces stocks plutôt que d'en former de nouveaux.

Sur le front de la consommation, locomotive traditionnelle de l'économie américaine, les dépenses sont restées solides (+2,1%) mais montrent nettement moins d'allant qu'au 2e trimestre (+4,3%), les consommateurs affichant de la prudence.

Le marché immobilier, qui a caracolé pendant tout 2015 jusqu'à l'hiver 2016, est tombé en territoire négatif pour le deuxième trimestre consécutif, marquant une baisse de 6,2%.

De juillet à septembre, à l'approche des élections, les dépenses du gouvernement fédéral sont restées soutenues, augmentant de 2,5%, plus rapidement que le reste de l'année, alors que celles des Etats ont régressé de 0,7%.

Dans l'ensemble, «c'est une croissance solide même si les détails sont moins bons que les gros titres», a résumé Jim O'Sullivan pour HFE.

Le FMI prévoit sur l'année 2016 une croissance de 1,6% seulement pour les États-Unis. La Réserve fédérale projette 1,8%.

L'accélération du 3e trimestre, dont le chiffre est encore soumis à deux révisions par le département du Commerce, met en tout cas bien la Fed «sur les rails pour relever les taux d'intérêt en décembre», affirme Paul Ashworth, économiste en chef pour les États-Unis pour Capital Economics. «Une hausse des taux à la réunion du Comité monétaire de la Fed la semaine prochaine, n'est pas entièrement exclue», ajoute-t-il.

La Fed se réunit mardi et mercredi prochains mais les marchés estiment qu'elle va encore patienter jusqu'en décembre pour agir sur les taux plutôt que de donner un tour de vis monétaire à la veille du scrutin du 8 novembre.

La banque centrale a prévenu à plusieurs reprises que l'économie côtoyait désormais ses objectifs d'inflation et d'emploi et qu'une hausse des taux d'intérêt était proche, après le modeste relèvement intervenu il y a un an pour la première fois en près d'une décennie.