Le fonds d'investissement américain Elliott Management a demandé mercredi à Samsung de se scinder en deux sociétés indépendantes, de distribuer un dividende exceptionnel à ses actionnaires et d'envisager une cotation à Wall Street.

Ces requêtes faites dans une lettre adressée au conseil d'administration par Blake Capital et Potter Capital, qui appartiennent à Elliott, visent à injecter de la transparence et à promouvoir une meilleure gouvernance dans un groupe dont le fonctionnement opaque a souvent été très critiqué.

Les deux actionnaires activistes détiennent ensemble 0,62% du capital de Samsung Electronics, fleuron du conglomérat sud-coréen dont les activités diverses vont de l'électronique aux services financiers en passant par l'industrie lourde, l'hôtellerie et les parcs d'attractions.

C'est la première grande offensive d'actionnaires activistes américains contre un géant asiatique.

Jugeant la structure actuelle de Samsung «complexe», les deux activistes prônent une scission en deux entités indépendantes cotées en Bourse, avec d'un côté les activités financières et de l'autre les opérations industrielles.

Blake Capital et Potter Capital plaident aussi pour une entrée de Samsung à la Bourse de New York, notamment sur la plate-forme d'échanges des valeurs technologiques Nasdaq.

Les deux fonds activistes demandent enfin à Samsung de choyer ses actionnaires en leur versant un dividende exceptionnel de 30 000 milliards de wons, soit 27 milliards de dollars.

Ces appels à la restructuration du géant sud-coréen interviennent quelques semaines après le lancement raté de son téléphone Galaxy Note 7, objet d'une opération de rappel planétaire pour cause de batteries susceptibles de prendre feu.

Le Galaxy Note et les autres téléphones haut de gamme du groupe avaient permis à Samsung Electronics de renouer avec de gros bénéfices cette année, après un creux entre 2014 et 2015.

Samsung est aussi embarqué dans une transition générationnelle controversée et observée avec attention.

Depuis une crise cardiaque en 2014, le patriarche Lee Kun-hee est alité. J.Y. Lee, son fils de 48 ans, est largement considéré comme son héritier probable à la tête de Samsung Electronics et de la maison mère, Samsung Group.

La famille dirigeante a souvent été critiquée pour l'écheveau complexe de participations au travers desquelles elle contrôle le géant, dont elle ne détient en fait que 5% du capital et pour un manque de transparence.

Très influents aux États-Unis, les actionnaires activistes se distinguent souvent par leurs bras de fer avec les directions des entreprises dans lesquelles ils investissent.

Réclamant des retours sur investissements immédiats, ils exigent des économies, des cessions d'actifs et des programmes de rachats d'actions.

Même s'ils critiquent leur vision à court terme, les autres actionnaires soutiennent souvent passivement leurs demandes.