La centralisation des laboratoires médicaux devrait se traduire par une réduction de 20 % des heures de travail. Et cela signifiera aussi le transport d'échantillons médicaux de l'Abitibi vers Montréal et de la Baie-James vers Saguenay, craint la CSN.

Depuis que Québec a annoncé le regroupement des laboratoires médicaux dans de grands «laboratoires serveurs» dans chaque région, les syndicats dans le secteur de la santé appréhendaient le pire pour leurs membres.

Mercredi, une rencontre était justement prévue avec les autorités de la santé pour en expliquer les tenants et aboutissants.

À la suite de cette rencontre, la CSN et deux de ses fédérations dans la santé ont conclu que les heures de travail devront être réduites de 20 % pour parvenir à l'économie souhaitée par Québec - ce qui devrait se traduire par 20 % de postes en moins, selon elles.

Québec leur a affirmé que ces réductions de postes se feraient par attrition, mais les représentants syndicaux ne croient pas que les autorités pourront atteindre une telle diminution uniquement en ne remplaçant pas les départs à la retraite.

«Ce qui est visé, c'est une (réduction) d'heures travaillées de 20 % dans l'ensemble des laboratoires. Bien moi, vous ne me ferez pas croire que ça n'affectera pas les services d'analyse de laboratoire pour la population! C'est un cinquième des heures travaillées habituellement», a tonné Jean Lacharité, vice-président de la CSN, au cours d'une rencontre avec la presse à Lévis, dans le cadre du conseil confédéral de sa centrale.

D'après le portrait que la CSN a pu obtenir de ses représentants dans les régions, au Saguenay, par exemple, 44 postes de techniciens seront supprimés pour en afficher huit dans le «laboratoire serveur» de Chicoutimi.

Dans les Laurentides, Lanaudière et Laval, le nombre de postes devrait passer de 540 à 412.

Dans la région du Coeur-du-Québec, la CSN rapporte 20 postes équivalents temps complet en moins.

Dans certaines régions, comme la Côte-Nord, la CSN n'a pu avoir l'heure juste en matière de ressources humaines touchées - ce qui lui fait conclure à l'improvisation de cette réforme.

Mélissa Gaouette, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, et Nancy Corriveau, vice-présidente de la Fédération des professionnels, s'attendent aussi à plusieurs mouvements de personnel, des travailleurs qui seront transférés dans une autre ville et qui préféreront quitter leur emploi plutôt que de devoir déménager. D'autres verront leur nombre d'heures de travail réduites et d'autres devront supplanter des collègues de travail.

Le regroupement des laboratoires fera aussi en sorte que les échantillons de l'Abitibi devront être transportés au CUSM à Montréal, que ceux de la Gaspésie devront être transportés à Rimouski et que ceux de la Côte-Nord et de la Baie-James iront à Chicoutimi, a précisé Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

«Il y a des échantillons qui vont se promener sur les routes du Québec. Ils vont être transportés on ne sait pas trop comment, on ne sait pas trop par qui. On n'a pas de réponse là-dessus, et dans les conditions climatiques qu'on connaît au Québec. Partir de l'Abitibi pour se rendre au CUSM (Centre universitaire de santé McGill) à Montréal, s'il y a des intempéries, on risque fort de perdre des échantillons, qui arrivent dans un délai trop tard pour être analysés. Donc, on va être obligé de recommencer», critique M. Lacharité.

Comme d'autres organisations syndicales dans la santé, la CSN demande un moratoire sur cette autre réforme, le temps d'en examiner les répercussions et de vérifier si elle se traduira par des économies réelles - ce dont elle doute.