Des journaux québécois se regroupent pour demander au gouvernement du Québec une aide temporaire de cinq ans qui les aiderait à traverser la tempête numérique qui les frappe.

La nouvelle Coalition pour la pérennité de la presse d'information au Québec regroupe Le Devoir, Groupe Capitales Médias, TC Transcontinental et Hebdos Québec, soit un total de 146 journaux «qui informent chaque semaine près de 6 millions de Québécois, soit près de 80% de la population».

Il exclut toutefois quelques-uns des plus importants, notamment La Presse, Le Journal de MontréalLe Journal de Québec et The Montreal Gazette.

«Nous n'avons pas été invités officiellement, je crois qu'ils ont compris que nos besoins ne sont pas les mêmes», a expliqué Caroline Jamet, vice-présidente aux communications de La Presse.

Selon le directeur du Devoir, Brian Myles, même s'ils vivent chacun des situations différentes, ces journaux s'unissent parce « qu'il y a une réalité commune à tous qui est que les géants du web comme Google et Facebook ont pris leur vitesse de croisière et que les revenus numériques nous échappent à leur profit ».

« Ils sont meilleurs que nous pour utiliser nos contenus et en tirer des revenus, explique-t-il. Ce n'est pas un problème de qualité de l'information, mais de modèle d'affaires. »

Le son de cloche est le même pour Claude Gagnon, président-directeur général du Groupe Capitales Médias.

« Nous sommes chanceux, nous ne subissons pas de perte de clientèle, c'est le modèle d'affaires qui est bouleversé. »

Cinq demandes

La Coalition demande aux gouvernements de l'aider de cinq façons. D'abord par l'entremise de deux crédits d'impôt : un premier de 40 % s'appliquant aux coûts de production de l'information (salaire des journalistes et pupitreurs, frais de reportage) et un deuxième de 50 % sur les investissements numériques, comme l'acquisition et l'entretien de logiciels spécialisés.

Elle souhaiterait aussi être exemptée de la taxe sur le recyclage, dont les coûts ont bondi de 1075 % pour ses membres depuis 2006, que les journaux soient vendus sans TPS ni TVQ et, finalement, qu' ils reçoivent une part plus importante des investissements publicitaires gouvernementaux.

« Les Google de ce monde prennent la majeure partie des investissements gouvernementaux, sans retombées », déplore M. Gagnon.

Ni M. Myles ni M. Gagnon ne prétendent que leur entreprise est prise à la gorge. Mais le temps presse, assurent-ils.

« On ne fera pas faillite demain matin, mais il faut se lancer dans les investissements numériques, note M. Gagnon. Il y a déjà une partie de notre clientèle qui s'est déplacée. On a déjà commencé. »

« Nous avons deux beaux prétextes pour agir en ce moment qui sont les renouvellements des politiques culturelles à Québec et Ottawa », précise de son côté M. Myles.

La Coalition souhaite que la presse écrite soit protégée de façon similaire à la télévision ou à d'autres formes d'art.

« Si le gouvernement n'avait pas investi dans la culture il y a 30 ou 40 ans, je ne suis pas sûr que nous aurions de grands artistes au Québec aujourd'hui », rappelle M. Myles.

« Nous ne sommes pas rétrogrades, nous ne demandons pas une forme de protectionnisme, juste une poussée dans le dos pour faciliter le passage au numérique. »