Le géant pharmaceutique français Sanofi et Verily, filiale santé d'Alphabet (Google), ont annoncé lundi la création de leur coentreprise Onduo, qui aura pour mission de concevoir et développer de nouveaux objets connectés dans le domaine du diabète.

Au cours du premier semestre, Sanofi a contribué à hauteur de 248 millions de dollars au capital de cette coentreprise, détenue à 50-50 avec Verily, qui a par conséquent injecté un montant «équivalent», a précisé à l'AFP Stefan Oelrich, responsable de l'activité diabète chez Sanofi.

Cette coentreprise doit tirer parti «de l'expérience de Verily en matière d'électronique miniaturisée, de techniques analytiques et de développement de logiciels grand public», ainsi que «du savoir-faire et de l'expérience cliniques de Sanofi» pour proposer des traitements novateurs aux patients diabétiques, selon un communiqué des deux groupes.

La nouvelle société sera basée à Cambridge, près de Boston, pôle mondial des biotechnologies et de l'industrie pharmaceutique, où Sanofi est déjà présent.

Onduo se concentrera dans un premier temps sur les patients atteints de diabète de type 2, trouble métabolique caractérisé par un défaut de régulation de l'insuline produite par l'organisme et qui représente 90% des cas de cette maladie chronique, en forte augmentation dans le monde.

L'objectif est de développer des solutions pour permettre à ces patients «de prendre de meilleures décisions sur leur santé au quotidien, qu'il s'agisse d'une meilleure gestion de leurs médicaments, ou de l'amélioration de leurs habitudes de vie et de la définition de leurs objectifs thérapeutiques», selon le communiqué.

À terme, Onduo prévoit d'élargir son champ d'activité au diabète de type 1, maladie auto-immune nécessitant une administration quotidienne d'insuline, et éventuellement aux personnes à risque de développer un diabète.

Des innovations pour bientôt

Sanofi et Verily n'ont pas précisé à quelle échéance de premiers produits d'Onduo pourraient arriver sur le marché.

Mais «comme il s'agira dans un premier temps de connecter des produits déjà existants, nous pouvons nous attendre à ce que les premières innovations arriveront bien plus rapidement que dans le cas d'un programme de recherche pharmaceutique partant de zéro», a estimé M. Oelrich.

«Nous respecterons toutes les réglementations en termes de confidentialité des données de santé» issues des futurs produits d'Onduo, a-t-il également assuré.

L'interprétation de ces données permettra d'avoir des traitements cliniques et des outils prédictifs «plus efficaces», et de «mieux informer» les patients concernés sur leur état de santé, a-t-il estimé.

À l'avenir, Onduo devrait également se doter d'antennes en dehors des États-Unis. Ses effectifs ne sont pas connus, mais vont probablement venir à la fois de Sanofi, de Verily et de recrutements externes, selon M. Oelrich.

La nouvelle société sera dirigée par Joshua Riff, qui était jusqu'à présent le vice-président directeur d'Optum, filiale de services de santé du groupe américain UnitedHealth.

Cette coentreprise est le fruit de l'alliance annoncée il y a un an entre Sanofi et Google dans le diabète, principal pilier de l'activité pharmaceutique de Sanofi mais actuellement en perte de vitesse.

Le groupe français a anticipé un déclin de ses ventes dans le diabète de 4 à 8% en moyenne annuelle sur la période 2015-2018, du fait du recul de l'insuline glargine (analogue de l'insuline humaine) Lantus, produit phare du groupe confronté à une concurrence grandissante.

La coentreprise avec Verily «donne un signal clair de notre engagement dans le diabète», a encore souligné M. Oelrich, rappelant qu'au-delà des objets connectés, le groupe poursuit ses efforts de recherche-développement de nouveaux médicaments anti-diabétiques.

Implantée comme sa maison mère au coeur de la Silicon Valley, la filiale santé de Google multiplie les partenariats avec de grands laboratoires pharmaceutiques sur des thématiques très variées.

Verily (anciennement Google Life Sciences) s'est ainsi associé début août avec le britannique GSK dans la bioélectronique, en 2015 avec l'américain Johnson and Johnson dans les robots chirurgicaux, et en 2014 avec le suisse Novartis, pour mettre au point des lentilles connectées à des fins médicales.