L'emploi aux États-Unis, devenu un enjeu central de la bataille pour la Maison-Blanche, a confirmé vendredi son net regain de forme qui tranche avec le sombre diagnostic de Donald Trump sur l'économie américaine.

Les États-Unis ont créé 255 000 emplois de plus qu'ils n'en ont détruits en juillet, dépassant de loin les attentes des analystes, selon les données publiées par le département du Travail.

Le taux de chômage s'est par ailleurs maintenu à 4,9 %, en dépit d'une légère augmentation de la population active, et le nombre de personnes sans emploi aux États-Unis s'est replié pour s'établir à 7,8 millions.

Cette bonne performance semble confirmer le rétablissement d'un marché du travail qui avait flanché en mai, avec seulement 24 000 créations d'emplois, avant de rebondir spectaculairement en juin (+ 292 000).

Cet accès de faiblesse avait donné corps au sombre diagnostic brossé par le candidat républicain à la présidentielle, qui évoque parfois un taux de chômage de 40 % et promet à longueur de discours de « ramener les emplois » aux États-Unis.

« Les chiffres sont horribles », a ainsi déclaré Donald Trump lundi lors d'un rassemblement dans l'Ohio en évoquant la timide croissance économique américaine au deuxième trimestre (1,2 % en rythme annualisé). « Nous sommes en train de couler », avait-il tranché.

Le très attendu rapport sur l'emploi de vendredi semble lui donner provisoirement tort, à la grande satisfaction de la Maison-Blanche.

Selon le conseiller économique en chef de Barack Obama, Jason Furman, le rythme mensuel de créations d'emplois depuis le début de l'année « dépasse de loin ce qui est requis pour maintenir un taux de chômage faible et stable ».

En juillet, les services ont une nouvelle fois démontré leur rôle de locomotive en apportant 201 000 emplois nets à l'économie américaine, dont un tiers dans le secteur des aides aux entreprises et aux professionnels.

« Anéanties par les délocalisations »

La production de marchandises a en revanche fait grise mine avec seulement 16 000 emplois créés, même si cela représente un quasi triplement par rapport à juin.

Autre point positif, les salaires commencent légèrement à frémir à un moment où leur stagnation est dénoncée par les deux candidats à la Maison-Blanche.

En juillet, les rémunérations, qui sont également observées de près par la banque centrale américaine (Fed), ont légèrement augmenté par rapport en juin. Le salaire horaire moyen a gagné 8 cents à 25,69 dollars. Sur douze mois, il est en hausse de 2,6 %.

« C'est un bon été pour le marché du travail américain », résume Harm Bandholz, chef économiste d'UniCredit Research.

L'équipe de campagne de M. Trump ne partage toutefois pas ce point de vue. « Beaucoup de salariés gagnent moins qu'en 1970 et des communautés entières sont anéanties par les délocalisations d'emplois », a réagi dans un communiqué son conseiller économique, Stephen Miller.

De fait, certains points noirs subsistent.

Déprimées depuis des mois par la baisse des cours mondiaux, les industries minières (pétrole, charbon) ont continué à souffrir et ont supprimé postes en juillet.

Le nombre de travailleurs à temps partiel contraint a par ailleurs légèrement augmenté aux États-Unis juin pour s'établir à près de 6 millions.

Enfin, les gains d'emplois continuent de bien moins profiter à la population noire dont le taux de chômage (8,4 % en juillet) est quasiment le double de celui des Blancs.

Selon les experts, ce bon rapport va en tout cas relancer les spéculations sur les intentions de la banque centrale américaine, dont un des objectifs est le plein emploi.

Fin juillet, la Fed avait de nouveau renoncé à augmenter ses taux, après sa hausse historique de décembre, faute d'avoir obtenu les garanties suffisantes sur la solidité de l'économie américaine.

Les chiffres décevants de la croissance au deuxième trimestre lui ont donné raison mais ceux, meilleurs que prévu, sur l'emploi pourraient l'encourager à passer à l'action prochainement.

« L'amélioration résolue du marché du travail laisse ouverte la possibilité d'une nouvelle hausse cette année », estime Chris Williamson, de IHS Markit, qui assure toutefois que « l'incertitude » liée à la présidentielle du 8 novembre pourrait retarder sa décision.