Les prix à la consommation en avril aux États-Unis ont affiché leur plus forte hausse mensuelle depuis plus de trois ans, ce qui devrait retenir l'attention de la Réserve fédérale (Fed) alors que d'autres indicateurs se sont aussi révélés meilleurs que prévu.

L'indice des prix à la consommation a progressé de 0,4% sur un mois en avril, notamment grâce à une hausse des prix de l'essence, après avoir avancé de 0,1% le mois d'avant, selon les chiffres du ministère du Travail mardi. C'est le rythme le plus rapide depuis février 2013.

Les analystes tablaient dans leur prévision médiane sur une hausse de 0,3%.

Sans les prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, l'inflation sous-jacente a été de 0,2%, comme s'y attendaient les analystes.

Les prix de l'énergie, qui étaient dans le rouge de décembre à février, ont confirmé leur reprise, progressant de 3,4%, leur plus forte hausse également depuis début 2013. Les prix de l'essence ont grimpé de 8,1% le mois dernier, le bond le plus fort depuis quatre ans.

Sur un an et en données brutes, les prix à la consommation sont en hausse de 1,1%, le rythme le plus rapide depuis janvier dernier.

Hors énergie et alimentation, l'inflation sous-jacente sur un an s'est établie à 2,1%.

Ce niveau d'inflation va retenir l'attention de la banque centrale américaine qui se réunit les 14 et 15 juin pour décider de la politique monétaire.

La Fed vise un objectif d'inflation de 2% d'inflation annuelle, mesurée par un autre indice basé sur les dépenses de consommation (indice PCE). Celui-ci se situait à 0,8% sur un an en mars.

Pour certains analystes comme Steve Murphy de Capital Economics, cet objectif pourrait être atteint dès la seconde moitié de cette année alors que pour l'instant la prévision d'inflation de la Fed n'est que de 1,2% en 2016, selon l'indice PCE.

«50-50»

«Le rebond des prix des manières premières auquel nous assistons ces derniers mois suggère que le l'inflation va remonter à 2% au deuxième semestre», assure-t-il.

«La probabilité d'une hausse des taux dès la réunion de juin est un peu en dessous des 50-50 mais nous nous attendons à ce que la Fed relève les taux deux fois cette année, plus vraisemblablement en septembre et en décembre, ce qui devrait porter les taux entre 0,75% et 1%», ajoute l'économiste de Capital Economics.

Autre indice attestant d'un rebond de l'activité après un premier trimestre morose, les mises en chantier de logements aux États-Unis sont reparties dans le vert en avril affichant une hausse de 6,6%, supérieure aux attentes, après un recul de 9,4% en mars.

«La combinaison des prix à la consommation plus élevés et des gains dans le secteur de la construction immobilière soutient l'idée que l'activité va rebondir au 2e trimestre et susciter un débat au sein de la Fed sur l'opportunité de relever les taux au moins une fois cette année», a ajouté Jay Morelock, économiste pour FTN Financial.

La croissance a eu un accès de faiblesse au 1er trimestre n'atteignant que 0,5%.

Mardi, la Fed a aussi publié l'état de la production industrielle pour le premier mois du 2e trimestre. Son retour en territoire positif, avec une augmentation de 0,7% en avril, au-dessus des projections des analystes, ne devrait toutefois pas être de nature à apporter un élément nouveau dans la décision de la banque centrale.

La production industrielle n'a pas tout à fait rattrapé la baisse du mois d'avant (-0,9%) et sur un an, elle est encore en retrait de 1,1%.