Le Canada a bien réagi au choc des cours du pétrole jusqu'à maintenant, mais la banque centrale et le gouvernement fédéral doivent être prêts à en faire plus si cela devient nécessaire, a conclu lundi une analyse du Fonds monétaire international (FMI).

Selon la responsable de l'organisme pour l'évaluation annuelle de la performance économique du Canada, Cheng Hoon Lim, il est encore trop tôt pour calculer quel impact aura l'énorme incendie qui fait des ravages en Alberta et a rasé une partie de la ville de Fort McMurray.

«Nous avons besoin de voir l'étendue des dommages causés à l'industrie des sables bitumineux», a fait valoir Mme Lim lors d'une conférence téléphonique depuis Washington.

Malgré tout, les efforts de reconstruction en Alberta vont vraisemblablement apporter «un soutien positif à la consommation et aux investissements», a-t-elle ajouté.

Mme Lim croit aussi que la Banque du Canada a la marge de manoeuvre nécessaire pour assouplir sa politique monétaire et stimuler l'économie. Son taux d'intérêt directeur est actuellement à 0,5 pour cent.

«Mais pour que la Banque du Canada se tourne vers des politiques monétaires non conventionnelles, elle devra voir un autre gros choc nuire à l'économie canadienne - et nous croyons que la probabilité que cela se produise est très faible, pour l'instant», a-t-elle affirmé.

Parmi les risques mondiaux identifiés par le FMI se trouve la faiblesse des prix du pétrole, ainsi que celle du commerce et des investissements.

«Sur la scène nationale, le haut niveau d'endettement des ménages et le marché de l'habitation sont toujours les vulnérabilités les plus importantes», a estimé Mme Lim. «Nous nous attendons à voir les taux de défaillance grimper graduellement, même s'ils commenceraient à le faire à partir de très bas niveaux.»

Selon le groupe, le ralentissement a ravivé les inquiétudes entourant le niveau d'endettement des ménages canadiens et l'écart entre les marchés de l'habitation à prix élevés, comme ceux de Vancouver et Toronto, et ceux des autres régions du pays.

Le FMI juge en outre que la politique de faibles taux d'intérêt de la Banque du Canada et le plan du gouvernement fédéral d'augmenter des dépenses en infrastructures sont appropriés compte tenu du besoin de soutien de la croissance économique à moyen terme.

Mais l'agence intergouvernementales établie à Washington croit aussi que le moment serait bon pour tenter de d'améliorer la productivité du Canada, qui reste plus lente que celle de ses pairs.

Le FMI recommande notamment aux libéraux d'adopter une approche plus ciblée pour leur nouvelle allocation canadienne pour enfants, afin qu'elle permette à un plus grand nombre de femmes de gagner le marché du travail.

Mme Lim a fait valoir que les recherches effectuées par le FMI au Canada et ailleurs avaient démontré que l'implication des femmes sur le marché du travail avait un impact positif statistiquement significatif sur la productivité.