Le géant des télécommunications BCE a rejeté jeudi une proposition présentée par des actionnaires qui auraient aimé voir le propriétaire de Bell Canada augmenter la proportion de femmes au sein de sa haute direction.

La proposition, mise de l'avant lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise, était celle d'une membre du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (Médac).

«Nous osons penser qu'il n'est plus nécessaire de faire la démonstration que les compétences des administratrices et des hautes dirigeantes en fonction se comparent avantageusement à celles des hommes, que les candidates se comptent en nombre suffisant pour répondre à la demande et qu'elles sont prêtes à relever le défi, pour peu qu'on leur en donne l'occasion», a expliqué Hélène Dufresne devant les actionnaires rassemblés à Montréal.

Un autre actionnaire, qui s'est présenté comme un ex-employé de BCE, a demandé si des efforts avaient été faits pour augmenter la représentation des femmes dans l'entreprise.

«Ne tournez pas votre dos aux femmes», a-t-il lancé.

Selon un décompte préliminaire, 86 % des actionnaires qui se sont prononcés ont rejeté la proposition.

Dans la circulaire de procuration publiée en vue de l'assemblée, le conseil d'administration de BCE avait recommandé aux actionnaires de voter contre la proposition.

Il faisait valoir que même s'il était en faveur de la diversité, de telles considérations ne devraient pas passer outre la promotion de personnes qui ont les talents, l'expérience et le leadership appropriés, et que l'absence d'objectifs en matière de diversité permettait à BCE de choisir les candidats les plus qualifiés.

La société s'est néanmoins engagée à ce que 25 % des 14 sièges de son conseil d'administration soient occupés par des femmes d'ici 2017. Actuellement, trois de ses membres - soit 21,4 % du conseil - sont des femmes. La nomination d'une quatrième femme au conseil porterait cette proportion à 28,6 %.

Cet objectif de BCE était en fait une réponse à une proposition de Catalyst Accord, une organisation à but non lucratif qui oeuvre à l'augmentation de la présence féminine dans les milieux de travail. Le groupe a demandé aux 500 plus grandes sociétés canadiennes de faire en sorte que le quart de leurs conseils d'administration soit composé de femmes d'ici l'an prochain.

Telus, un concurrent de BCE, a aussi promis d'atteindre cette cible. Actuellement, l'entreprise compte elle aussi trois femmes au sein de son conseil de 14 membres, selon son site internet.

Entre-temps, 5 des 15 sièges du conseil d'administration de Rogers Communications sont occupés par des femmes - une proportion de 33 % -, selon le site internet de l'entreprise de télécommunications.

Le Médac avait fait une proposition similaire lors de l'assemblée de BCE l'an dernier, demandant à l'entreprise d'établir une cible de 40 % pour la représentation féminine au sein du conseil. Cette idée avait aussi été rejetée.

BCE avait dévoilé, plus tôt jeudi, ses résultats financiers pour le premier trimestre. La société a notamment fait état d'une hausse de plus de 30 % de son bénéfice par rapport à l'an dernier.

Le groupe de télécommunications a engrangé un bénéfice de 707 millions $, soit 82 cents par action, pour le plus récent trimestre, comparativement à un profit de 532 millions $, ou 63 cents par action, un an plus tôt.

La société a attribué une partie de cette augmentation à une baisse des indemnités de départ, aux acquisitions et à d'autres coûts, ce qui a été partiellement contrebalancé par une augmentation de l'impôt sur le résultat et des coûts de dépréciation et d'amortissement.

Sur une base ajustée, BCE a indiqué avoir réalisé un bénéfice de 85 cents par action, en hausse par rapport à celui de 84 cents du même trimestre l'an dernier. Les revenus ont totalisé 5,27 milliards $, alors qu'ils avaient été de 5,24 milliards $ l'an dernier.

BCE emploie près de 50 000 personnes pour l'exploitation de ses activités de téléphonie sans fil et filaire et ses divers services médiatiques. Elle est en outre le propriétaire de Bell Média, qui exploite 28 stations de télévision et 30 chaînes spécialisées, ainsi que plus de 30 stations de radio et des dizaines de sites internet.