Le New York Times a annoncé mardi son intention de fermer les activités d'édition et de pré-impression de son édition internationale à Paris afin de réduire ses coûts.

Cela entraînera la suppression ou la délocalisation de jusqu'à 70 postes, sur un total de 113 personnes travaillant actuellement dans la capitale française.

La rédaction et le département publicitaire parisiens ne sont pas affectés, et une édition imprimée de l'International New York Times continuera d'être publiée et distribuée en Europe, assure le quotidien.

Le New York Times dit désormais vouloir concentrer les tâches d'édition et de pré-impression sur ses sites de New York et Hong Kong dans le cadre d'une refonte de la production de son édition internationale, selon un mémo envoyé aux salariés et le site internet du quotidien.

Les changements visent notamment à rendre l'édition internationale «plus durable économiquement dans un monde toujours plus numérisé», explique le mémo.

«Sans ces changements, l'avenir du journal international serait au mieux incertain», estime-t-il. «C'est seulement en avançant avec cette proposition que nous pouvons garantir notre capacité à maintenir notre présence imprimée à l'international pour les années à venir, et le faire de la manière qui serve le mieux nos lecteurs internationaux».

La décision intervient trois ans après l'annonce par le quotidien américain de sa décision de changer le nom apposé sur son édition internationale. Le International Herald Tribune (IHT), basé à Paris depuis plus d'un siècle, avait été rebaptisé International New York Times.

L'IHT avait été publié pour la première fois en octobre 1887 sous le titre Paris Herald, en tant qu'édition européenne du New York Herald. Après la fermeture de ce dernier en 1966, le New York Times et le Washington Post sont entrés au capital, où ils se sont retrouvés seuls actionnaires, à 50-50, à partir de 1991. Le New York Times avait fini par racheter les parts de son partenaire en 2003.

Priorité au numérique

Le New York Times a fait du numérique la priorité pour sa croissance à l'international, où il essaye surtout de gagner des abonnés en ligne et sur mobile.

Il vient d'ailleurs d'annoncer un plan d'investissement de 50 millions de dollars sur trois ans pour sa croissance numérique hors des États-Unis, centrant ses efforts sur les contenus en ligne afin d'attirer lecteurs et revenus internationaux.

«Notre contenu en ligne est encore surtout conçu et produit pour un lectorat américain, nous sommes encore loin de notre potentiel lorsqu'il s'agit d'attirer des lecteurs venant d'en dehors de notre marché domestique», commentait-il à l'époque dans un communiqué.

Le nombre d'abonnés à la seule version numérique du New York Times atteignait 1,09 million fin décembre 2015, soit un bond de 20% sur un an. Et la publicité sur ses sites avait rapporté 24% du total de ses revenus publicitaires au quatrième trimestre 2015.

Comme le reste du secteur de la presse écrite, le quotidien souffre d'un déclin du nombre de lecteurs pour ses journaux imprimés.

L'International New York Times a encore perdu 5000 abonnés payants pour sa version papier l'an dernier, terminé avec un total de 214 700.

«Ce n'est plus ce qu'il faut lire absolument, en version physique» lorsqu'on est à l'étranger, relève Dan Gillmor, un professeur de journalisme à l'université d'Arizona, qui s'interroge même sur la survie à terme d'une édition internationale en version papier.

D'autres titres en vue de la presse écrite ont déjà taillé dans leurs effectifs ou modifié leurs modèles d'activité pour répondre au virage numérique et aux changements des habitudes de lecture.

En mars, le britannique The Guardian avait notamment annoncé 250 suppressions d'emplois, et son compatriote The Independent avait complètement abandonné sa version papier pour passer au tout numérique.