Les désabonnés du câble ont depuis aujourd'hui un nouvel allié étonnant en Rogers. Le câblodistributeur, aussi propriétaire du réseau sportif Sportsnet, devient le premier en Amérique du Nord à offrir un abonnement internet à ses six chaînes sportives Sportsnet.

Il ne sera donc plus nécessaire de disposer d'un abonnement à un service télévisuel traditionnel pour écouter les chaînes Sportsnet East, Sportsnet Ontario, Sportsnet West, Sportsnet Pacific, Sportsnet One et Sportsnet 360. Elles seront toute offertes sur l'internet, moyennant 25 $ par mois, dans une nouvelle offre baptisée Sportsnet Now.

Le lancement de Sportsnet Now crée une faille dans l'un des derniers remparts de défense de l'industrie télévisuelle à l'endroit d'un phénomène de désabonnement connu sous l'appellation anglaise « cord-cutting ».

« Le contenu sportif est perçu comme l'un des facteurs les plus importants qui retiennent plusieurs consommateurs dans des abonnements télévisuels, plutôt que de complètement se tourner vers l'internet », explique Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note publiée à ses clients récemment.

« Le sport, ce sont des événements qu'il faut écouter au moment où ils surviennent, ce n'est pas de la télé que l'on peut écouter en rattrapage », résume l'ancien vice-président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, Michel Arpin.

Au Québec, l'arrivée de Sportsnet Now signifie notamment que tous les matchs du Canadien seront maintenant accessibles sans abonnement télévisuel, du moins en anglais et dans la région de Montréal. Ceux qui sont envoyés vers les chaînes CBC ou City TV, principalement le samedi soir, et donc exclus du forfait Sportsnet Now, pourront être vus gratuitement sur un téléviseur équipé d'une antenne, CBC et City étant offerts par ondes hertziennes.

Les matchs du Canadien représentaient la dernière programmation régulière s'inscrivant à l'occasion dans le top 10 populaire québécois à ne pas être accessible sans abonnement télévisuel.

Selon Scott Moore, président de Sportsnet et des propriétés LNH chez Rogers, le contenu de Sportsnet Now pourra être acheminé vers un téléviseur par l'intermédiaire d'appareils comme le Chromecast, l'Apple TV ou un câble spécialisé.

« Nous voyons Sportsnet Now et le câble comme des offres complémentaires, estime M. Moore. Il y a des tranches démographiques, que nous appelons les cord-nevers, qui ont une grande demande pour ce service. »

« Personnellement, je crois encore qu'un abonnement plus large au câble est meilleur, mais il y a d'autres options. Quelqu'un qui aime surtout les films et le sport pourrait décider de s'abonner à Shomi, Netflix et Sportsnet Now et c'est tout ce dont il aurait besoin », juge M. Moore.

« Pour Rogers, c'est définitivement un projet de remplacement pour maintenir les revenus », analyse pour sa part M. Arpin.

MOYENNEMENT ATTRAYANT

À 25 $ par mois, le prix de Sportsnet Now est nettement plus élevé que celui de la quasi-totalité des forfaits de nature télévisuelle offerts sur l'internet, qui oscille généralement aux environs de 10 $.

« Compte tenu du prix, nous croyons que ce forfait est destiné principalement aux amateurs de sport qui ne souhaitent regarder aucun autre contenu télévisuel, ou même d'autres chaînes sportives comme TSN, estime M. Yaghi. Notons que pour ceux qui ont déjà un abonnement au câble et qui paient 45 ou 50 $ par mois pour obtenir à la fois Sportsnet et TSN, ce produit n'est probablement pas assez attirant pour les inciter à modifier leur abonnement ou à y renoncer.

« Nous ne nous attendons pas à ce que ce lancement ait un impact négatif immédiat sur le nombre d'abonnés au câble. Toutefois, la fragmentation continuelle du contenu télévisuel poussera certainement de plus en plus de consommateurs vers l'internet à la longue. »