Plongée dans la tourmente, Valeant Pharmaceuticals changera de grand patron en plus d'ouvrir les portes de son conseil d'administration à l'investisseur engagé Bill Ackman.

Ainsi, Michael Pearson quittera ses fonctions de président et chef de la direction une fois son successeur trouvé. On ignore toutefois s'il quitte de son plein gré ou si l'entreprise établie à Laval l'a poussé vers la sortie.

« Cela a été un privilège de diriger Valeant au cours des huit dernières années », a-t-il souligné, lundi, par voie de communiqué.

« Même si les controverses des derniers mois ont eu un impact négatif considérable sur notre performance, je sais que Valeant est une compagnie résiliente et je ferai tout ce qui est mon pouvoir pour assurer une transition en douceur », a ajouté M. Pearson.

Hospitalisé à la suite d'une pneumonie sévère, M. Pearson était revenu au travail le 28 février dernier au terme d'une convalescence de deux mois.

Par ailleurs, M. Ackman, qui détient une participation de neuf% dans Valeant par l'entremise de son fonds Pershing Square Capital, se joindra à son conseil d'administration.

« Les secteurs dominants de l'entreprise, comme ceux des soins pour les yeux et de la dermatologie [...] représentent une occasion extraordinaire pour un dirigeant de renommée internationale », a indiqué M. Ackman, qui a défendu la société lavalloise à plus d'une reprise.

Ces changements ont été bien accueillis par les investisseurs, puisqu'à la Bourse de Toronto, l'action de la société a rebondi de 8,5 %, ou 2,97 $, pour terminer la séance à 37,90 $.

La semaine dernière, l'action de Valeant a perdu 62 % de sa valeur après qu'elle eut dévoilé des résultats inférieurs aux attentes au quatrième trimestre et prévenu que ceux de son premier trimestre seraient plus faibles que prévu.

L'entreprise, qui avait temporairement détrôné la Banque Royale au chapitre de la valeur boursière l'été dernier, a depuis vu son action s'effondrer en raison des controverses dans lesquelles elle est plongée.

En plus d'être dans la mire de politiciens américains en raison des hausses vertigineuses du prix de certains de ses médicaments, la pharmaceutique fait l'objet d'une enquête de la commission des valeurs mobilières des États-Unis.

Le conseil d'administration de Valeant a également demandé à l'ex-chef de la direction financière Howard Schiller de démissionner du conseil, ce que ce dernier a refusé.

On lui reproche d'avoir été à l'origine d'inexactitudes en ce qui a trait à la divulgation de divers documents financiers de la pharmaceutique.

« Cette conduite inappropriée de l'ancien directeur financier ainsi que de l'ex-contrôleuse, qui a eu pour effet de transmettre des informations inexactes aux vérificateurs, a contribué aux informations erronées dans les résultats », affirme la pharmaceutique.

M. Schiller a temporairement remplacé M. Pearson pendant sa convalescence. Il a notamment témoigné devant le Congrès américain en janvier dernier dans le cadre d'audiences sur les hausses de médicaments.

Dans un communiqué distinct, l'ancien chef de la direction financière a réfuté les accusations de Valeant, affirmant ne jamais avoir fourni d'informations erronées, ajoutant que cela expliquait son refus de quitter le conseil d'administration.

Alex Arfaei, de BMO Marché des capitaux, a accueilli favorablement la nouvelle du départ de M. Pearson, estimant qu'il s'agissait d'un « pas dans la bonne direction ».

Dans un rapport, l'analyste rappelle la performance de Valeant a été « exceptionnelle » pendant de nombreuses années et ajoutant que M. Pearson a été capable de profiter de l'inefficacité du secteur pharmaceutique.

« Toutefois, nous croyons qu'il a été tout simplement trop agressif, en plus de sous-estimer les risques de certaines décisions, écrit M. Arfaei. De plus, nous croyons que le style direct de M. Pearson l'a rendu, tout comme l'entreprise, vulnérable aux attaques des vendeurs à découvert, des médias ainsi que des politiciens. »

Valeant retardera le dépôt de son rapport annuel de 2015 auprès des autorités réglementaires, le temps qu'elle puisse évaluer l'impact de son ancienne relation avec Philidor. Selon Valeant, la source du problème avec ses résultats touche à des ventes de 58 millions de dollars US à Philidor qui ont été enregistrées au mauvais moment.

En conférence téléphonique avec les analystes, M. Pearson avait indiqué la semaine dernière qu'il s'attendait à ce que les documents concernés soient déposés avant le 29 avril.