Dix-huit mois après avoir mis la main sur les marques PokerStars et Full Tilt Poker pour 4,9 milliards $ US, le chef de la direction d'Amaya veut privatiser le géant québécois du jeu en ligne.

En pourparlers avec un groupe d'investisseurs, David Baazov a fait part lundi de son intention d'offrir 21 $ pour chaque action en circulation, soit une prime d'environ 40 pour cent par rapport au cours de clôture de vendredi dernier

Cette proposition, entièrement en espèces, établi ainsi la valeur d'Amaya (TSX:AYA) à 2,8 milliards $.

«La forme et la structure précises de (la transaction) n'ont pas encore été déterminées et aucune discussion n'a encore eu lieu entre M. Baazov et Amaya», a fait savoir la compagnie, par voie de communiqué.

Rien ne garantit que le résultat de cette démarche débouchera sur une transaction, a-t-on ajouté.

La nouvelle a néanmoins rapidement eu des répercussions sur le titre d'Amaya, qui s'est envolé de plus de 31 pour cent, pour coter à 19,75 $, peu après l'ouverture de la Bourse de Toronto. Elle a finalement clôturé à 18,00 $, en hausse de 20,1 pour cent.

Actuellement, M. Baazov détient plus de 24,5 millions d'actions d'Amaya - soit 18,6 pour cent des quelque 132,78 millions d'actions ordinaires en circulations - ainsi que 550 000 options d'achats.

M. Baazov n'a pas précisé les motifs entourant sa démarche et les deux parties n'ont pas voulu accorder d'entrevues.

Amaya a mis sur pied un comité spécial d'administrateurs indépendants - présidé par son administrateur indépendant principal Dave Gadhia - qui devra étudier toute proposition en plus d'envisager d'autres options.

Le titre de l'entreprise, qui se négociait à plus de 31 $ en novembre dernier, a éprouvé des difficultés, notamment depuis la révision à la baisse des prévisions pour l'exercice 2015.

Au cours des 52 dernières semaines, le titre d'Amaya a dégringolé de son sommet de 37,52 $, touchant temporairement un creux de 13,73 $.

Qualifiant la nouvelle de «positive» pour les investisseurs, Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux, a toutefois souligné que l'offre de 21 $ par action était inférieure à son cours cible de 28,50 $.

Dans une note, l'analyste explique que certains pourraient penser que M. Baazov tente de profiter de la situation dans laquelle se trouve l'entreprise pour la privatiser, tout en apportant un bémol.

«Il est pertinent de souligner que l'appréciation du dollar américain représente un obstacle potentiel pour les activités européennes de poker», écrit-il.

De plus, dans un contexte où les taux d'intérêt sont appelés à augmenter, les actionnaires d'Amaya doivent également considérer la dette élevée de la société, ajoute M. Yaghi.

Le visage d'Amaya s'est considérablement transformé à l'été 2014 après l'acquisition des marques populaires PokerStars et Full Tilt Poker auprès de Rational Group. Les activités de poker en ligne de la société comptent quelque 97 millions de joueurs.

Amaya est toujours visée par une enquête de l'Autorité des marchés financiers du Québec sur certaines transactions de valeurs entourant cette transaction.

M. Baazov ainsi que le directeur financier Daniel Sebag sont visés par l'enquête, mais pas pour des transactions personnelles qu'ils auraient effectuées relativement à l'action de l'entreprise.

Aucune accusation n'a été déposée jusqu'ici.