Même si l'économie canadienne est en panne depuis l'automne, la Banque du Canada choisit de reconduire sa politique monétaire telle quelle.

Le taux cible de financement à un jour reste donc à 0,5%, en place depuis juillet, même si les marchés financiers ont parié sur une baisse.

«D'après les dernières déclarations publiques de hauts responsables du gouvernement, le prochain budget fédéral prévoira des mesures de relance budgétaires additionnelles, lit-on dans la dernière livraison de son Rapport sur la politique monétaire (RPM). Celles-ci engendreront une demande intérieure plus forte que dans le scénario de référence.»

Sans budget, la croissance canadienne sera anémique cet hiver : à peine 1% en rythme annualisé, ce qui est tout de mieux que la stagnation présumée par les autorités monétaires pour l'automne. Ce n'est qu'au printemps que la croissance devrait s'accélérer quelque peu. Au final, le rythme d'expansion est projeté à 1,4% pour l'ensemble de 2016, soit deux dixièmes à peine de mieux que pour l'an dernier.

En octobre, la croissance projetée pour 2016 s'élevait à 2,0%. La différence considérable est attribuable avant tout au fort déstockage que les entreprises devront réaliser en début d'année avant de relancer leur production.

Pour 2017, la projection est ramenée de 2,5% à 2,4%. Cela, bien sûr, avant la prise en compte des effets du budget fédéral prévu en seconde moitié de mars.

La Banque mise beaucoup sur les largesses d'Ottawa et celles des provinces pour soutenir l'économie, compte tenu des effets négatifs plus forts qu'anticipés jusqu'ici de la faiblesse grandissante des prix du pétrole et du dollar canadien.

La Banque fait l'hypothèse que la valeur moyenne du dollar canadien sera de 72 cents d'ici la fin de 2017 et celles des barils de pétrole Brent, WTI et WCS de 37, 36 et 22 dollars américains respectivement. Dans tous les cas, il s'agit de chiffres supérieurs à leurs valeurs présentes. 

«Dans l'ensemble, la politique budgétaire au Canada devrait contribuer de plus en plus à la croissance durant la période de projection», lit-on aussi dans le RPM dont le scénario intègre déjà les mesures expansionnistes annoncées. Celles de l'Alberta ainsi que les baisses d'impôt fédérales en vigueur depuis le premier janvier auront un impact d'environ 0,1% sur la croissance cette année, estime la Banque.

En attendant, le gouverneur Stephen Poloz et son équipe estiment que les vulnérabilités financières, comme la légère augmentation du niveau d'endettement des ménages, évoluent comme prévu tout comme les perspectives d'inflation. En conséquence, la politique monétaire actuelle est jugée appropriée.

La prochaine date de fixation du taux directeur est le 9 mars, soit encore une fois avant le budget fédéral.