L'impact du numérique sur le marché du travail risque de se traduire par une perte importante d'emplois moyennement qualifiés, selon une analyse de l'OCDE présentée mardi à Paris.

Selon Stefano Scarpetta, directeur de l'emploi, du travail et des affaires sociales à l'OCDE, «même si les données précises manquent pour évaluer l'impact du numérique sur le marché du travail, de grandes tendances se dessinent. On assiste à une polarisation du marché du travail entre deux extrêmes: une demande accrue pour les tâches abstraites et analytiques hautement qualifiées et pour les tâches manuelles non répétitives faiblement qualifiées; et une baisse de la demande pour les tâches répétitives moyennement qualifiées».

Cette tendance, qui devrait s'accentuer, «s'observe dans tous les pays développés, mais aussi dans la plupart des pays émergents», selon M. Scarpetta.

Elle se traduit par une demande accrue de 20% en moyenne pour les emplois les plus qualifiés et de 8% pour ceux les plus faiblement qualifiés. Elle se traduit en revanche par une baisse moyenne de 20% de cette même demande pour les emplois moyennement qualifiés, selon des données analysées de 1995 à 2010 dans sept pays de l'OCDE (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni), présentées à l'avant-veille d'un forum sur l'avenir du travail et d'une réunion interministérielle de l'organisation internationale.

«Cela correspond à des tâches qui peuvent être effectuées par les ordinateurs et les machines. L'intelligence artificielle fait que ce phénomène touche davantage les compétences intermédiaires et des tâches plus cognitives», a expliqué M. Scarpetta.

Il a cité l'interprétariat et le métier de chauffeur, comme métiers «amenés sans doute à disparaître». Il a chiffré à «plus de 40%», les emplois qui risquent d'être remplacés par des ordinateurs ou des machines.

Selon lui, «dans le même temps, de nombreux nouveaux métiers seront créés» et «de nombreux services, qui ne requièrent pas forcément beaucoup de compétences et seront moins bien payés», risquent de se multiplier.

Le «grand défi» sera, estime M. Scarpetta, «la formation, initiale, mais surtout continue».

Interrogé sur le «revenu minimum universel», expérimenté dans plusieurs pays (Finlande, Pays-Bas, NDLR), M. Scarpetta a indiqué que l'OCDE «doit s'en saisir et étudier toutes les typologies qui existent».