Les futures hausses des taux d'intérêt américains seront «graduelles» et la politique monétaire devrait rester accommodante, ont estimé les membres de la Réserve fédérale (Fed) dans un document publié mercredi.

Lors de la réunion du Comité monétaire (FOMC) des 15 et 16 décembre, où la Fed avait relevé les taux, les responsables de la banque centrale américaine ont estimé que « les conditions économiques devraient évoluer de telle façon qu'elles réclameront seulement des hausses graduelles des taux directeurs », selon le procès-verbal de cette réunion.

« Après la première hausse, la politique monétaire devrait rester accommodante », indique encore le document. La Fed avait décidé à l'issue de cette réunion de relever ses taux d'un quart de point pour la première fois en presque dix ans. Ils se situent désormais dans la fourchette de 0,25 % à 0,50 %, après avoir été maintenus proches de zéro depuis la crise financière de 2008.

À la mi-décembre, si la décision a été prise à l'unanimité, le compte-rendu révèle que pour « certains membres », cette décision était « limite » notamment à cause des incertitudes concernant la remontée de l'inflation.

La plupart des participants se sont dit toutefois confiants dans le fait que l'inflation remonte vers l'objectif de 2 % (alors qu'elle se situe à 0,4 % actuellement). Ils ont néanmoins reconnu que vu la récente rechute des prix du pétrole, cela pourrait prendre plus de temps.

Un certain nombre de responsables ont signalé « un début d'augmentation des salaires » qui devrait se poursuivre au cours de l'année, estiment-ils.

À l'international, les risques économiques qui avaient poussé la Fed à patienter à l'automne avant d'entamer une première hausse des taux, « ont diminué », ont estimé les participants au Comité monétaire (FOMC).

Pourtant, les exportations américaines risquent encore de souffrir de l'appréciation du dollar et du ralentissement de l'économie à l'étranger particulièrement dans les marchés émergents, souligne le rapport.

Parmi les risques à la baisse pour l'économie américaine figurent « la possibilité d'une poursuite de l'appréciation du dollar et la faiblesse persistante des prix des matières premières qui pourrait accroître le stress sur les économies émergentes ». La Fed cite aussi les possibles difficultés de la Chine à s'adapter à ses changements économiques structurels ».

Trois à quatre hausses en 2016

Globalement la Fed juge que les dépenses de consommation, qui sont la locomotive de l'économie américaine, sont « solides » de même que les investissements des entreprises, tandis que les exportations « sont molles » et que le marché de l'immobilier s'améliore.

Mercredi, avant la publication du procès-verbal, le numéro deux de la banque centrale, Stanley Fischer, a confié à la chaîne financière CNBC qu'il était probable que la Fed opère à trois ou quatre hausses des taux d'intérêt cette année.

Rappelant que les projections du Comité monétaire « indiquaient qu'il y aurait environ trois ou quatre » hausses, il a estimé que ce nombre « était dans la bonne fourchette ». Mais « on n'en sait pas assez aujourd'hui pour déterminer combien il y en aura », a-t-il tempéré.

L'hypothèse de quatre hausses d'un quart de point devrait porter les taux d'intérêt autour de 1,5 % à la fin 2016, selon ce scénario.

Selon lui, la politique monétaire demeurera accommodante tant que l'inflation resterait sous les 2 %.

« Tant que l'inflation est inférieure à 2 % (...), il y aura une force requérant de maintenir une politique monétaire accommodante. Dès qu'on dépassera les 2 % et qu'on atteindra le plein emploi, on cessera d'être accommodant », a déclaré M. Fischer.

Il s'est dit confiant dans le fait que le repli des prix du pétrole et l'appréciation du dollar, qui poussent les prix à la baisse, « n'allaient pas toujours durer, peut-être même pas très longtemps ».

Vendredi, l'administration américaine publiera les chiffres officiels du chômage pour décembre et les analystes s'attendent à des créations d'emplois robustes à 200.000 tandis que le taux de chômage devrait rester à 5 %, son plus bas niveau en sept ans.