BlackBerry (T.BB) a remis à plus tard son plan visant à mettre fin à ses activités au Pakistan, mais la société reste engagée à quitter le pays plutôt que d'accéder aux demandes des autorités locales, qui exigent d'avoir un accès «sans entraves» aux renseignements sur ses usagers qui se trouvent sur ses serveurs.

Le fabricant canadien de téléphones intelligents a indiqué, dans une entrée de blogue, qu'il poursuivrait ses activités au Pakistan jusqu'au 30 décembre grâce à une prolongation de 30 jours de l'ordonnance exécutoire émise en juillet par l'autorité des télécommunications du Pakistan.

BlackBerry a déjà indiqué par le passé qu'il préférait se retirer du Pakistan plutôt que de se plier à l'ordonnance, qui réclame un accès complet au contenu des serveurs de son BlackBerry Enterprise Service d'ici le 30 novembre.

Selon l'entreprise, le gouvernement pakistanais veut pouvoir superviser les échanges à travers le pays, incluant les services de courriel et de messagerie instantanée de BlackBerry. Les communications du BlackBerry Enterprise Service circulent par les serveurs de l'entreprise au Canada.

BlackBerry affirme être prête à travailler avec les autorités pakistanaises pour protéger la sécurité publique, mais ajoute que la vie privée de ses clients est primordiale et qu'il ne s'agit pas d'un élément au sujet duquel elle pourrait accepter des compromis.

Le chef de l'exploitation de BlackBerry, Marty Beard, a indiqué dans une entrée de blogue que sa société était consciente du besoin de coopérer avec les enquêtes en justice des gouvernements dans les cas d'activités criminelles, mais qu'elle n'avait jamais autorisé un accès en gros aux serveurs de BlackBerry.

L'entreprise établie à Waterloo, en Ontario, a bâti sa réputation sur la sécurité, rachetant des firmes de logiciels spécialisées et appuyant le marketing de ses téléphones, incluant le nouveau Priv, sur leurs caractéristiques protégeant la vie privée.

Selon Laura Tribe, une experte sur les droits numériques du groupe de pression OpenMedia, il est encourageant de voir que BlackBerry et d'autres entreprises prennent la défense de la vie privée des consommateurs face aux demandes des gouvernements.

« Elles sont prêtes à imposer des limites pour ne pas nuire aux technologies dont nous avons besoin pour garder nos renseignements en sécurité », a-t-elle expliqué.

Ce n'est pas la première fois que BlackBerry est confrontée aux pressions de gouvernements. L'Inde et plusieurs autres pays, font l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont menacé BlackBerry d'interdiction en 2010 en raison de son refus de leur accorder le contrôle sur les données de clients.

Comme le Pakistan le fait maintenant, l'Inde évoquait à l'époque des questions de sécurité publique et ses efforts pour combattre les militants dans la foulée des attentats de 2008 à Bombay, sa capitale financière, qui avaient fait 166 morts. Les autorités indiennes ont indiqué que les 10 hommes lourdement armés qui ont procédé au carnage avaient coordonné leur opération à travers la ville par l'entremise de téléphones cellulaires.

Les pressions se sont amoindries après que BlackBerry, qui portait alors le nom de Research In Motion, eut réussi à convaincre chaque pays de respecter les politiques d'accès légales déjà existantes.