Le géant pharmaceutique Sanofi vise 1,5 milliard d'économies d'ici 2018 grâce à un recentrage de son portefeuille, qui pourrait aboutir à une sortie de la santé animale et des médicaments génériques en Europe, face à une concurrence aggravée par la consolidation du secteur.

Son action décrochait de plus de 5 % vendredi à la Bourse de Paris après ces annonces, les investisseurs étant déçus de l'absence prévue d'une croissance du bénéfice par action d'ici à 2018.

Les économies seront «largement réinvesties pour accompagner des initiatives de croissance», a indiqué le groupe qui prévoit, au rang de ses priorités pour la période 2015-2020, le lancement d'un vaste ensemble de nouveaux médicaments et une réponse au repli de son activité diabète.

L'environnement très compétitif fait pression sur les marges de croissance du groupe qui conservera des activités diversifiées «mais avec un portefeuille recentré sur les domaines où il peut s'imposer», a indiqué Olivier Brandicourt, le directeur général de Sanofi.

Le numéro quatre mondial en termes de vente «n'a pas la place pour des coûts excessifs ou la complexité» au sein de son organisation, a-t-il souligné au cours d'une conférence en anglais avec les investisseurs.

Le groupe examine «différentes options stratégiques» pour ses activités santé animale Merial et génériques en Europe.

Une lettre en ce sens a été envoyée vendredi à l'ensemble des collaborateurs, selon la CFDT qui a dénoncé un «désengagement» de Sanofi de Merial, «malgré de bons résultats».

«On craint le pire, on pense qu'il va céder les génériques, cela aura un gros impact pour les salariés français de Zentiva et le réseau de visiteurs médicaux», a réagi Emmanuel Maingard, coordinateur CFDT du groupe.

«Bien que Merial ait renoué avec succès avec la croissance sur les six derniers trimestres et qu'elle soit à l'heure actuelle parmi les entreprises les plus performantes de son secteur, les synergies qu'il est possible de dégager avec les autres activités de Sanofi restent limitées», a expliqué Sanofi.

Olivier Brandicourt a précisé devant les investisseurs que les options stratégiques pour Merial allaient «de l'introduction en Bourse, à la cession, à la co-entreprise, au maintien au sein du groupe».

Merial, qui emploie plus de 6200 personnes dans le monde, dont environ 1500 personnes en France dans la région lyonnaise, est le numéro un mondial sur le marché des médicaments et vaccins pour les animaux de compagnie.

Jusqu'à 18 nouveaux produits pour porter la croissance

Son chiffre d'affaires est estimé à 2,4 milliards d'euros pour 2015.

Sanofi est le numéro 5 en Europe des génériques, dont les ventes (avec notamment les marques Zentiva ou Medley) sont estimées à 1 milliard d'euros sur l'année.

Pour soutenir sa croissance à long terme, Sanofi prévoit de mettre sur le marché au cours des cinq prochaines années jusqu'à 18 nouveaux produits. Parmi eux, six lancements majeurs (Toujeo, Praluent, Dengvaxia, sarilumab, LixiLan et dupilumab) pourraient à eux seuls «générer un chiffre d'affaires total compris entre 12 et 14 milliards d'euros d'ici à 2025», selon un communiqué.

Pour soutenir ces lancements, le groupe prévoit également d'augmenter jusqu'à 6 milliards d'euros ses investissements annuels en recherche et développement d'ici à 2020.

Il «recherche également des opportunités externes pour conforter son profil de croissance», a ajouté M. Brandicourt.

Sanofi compte sur une «croissance annuelle moyenne de ses ventes comprise entre 3 % et 4 % à taux de change constants» sur cinq ans.

En outre dans le cadre de la restructuration de son portefeuille, il veut maintenir sa position de champion dans le diabète et les maladies cardiovasculaires, les vaccins, les maladies rares et les marchés émergents.

Il a notamment annoncé une collaboration et de licence avec l'américain Lexicon Pharmaceuticals pour développer un médicament par voie orale dans le traitement du diabète, une activité qui a subi un repli au troisième trimestre en raison de l'entrée d'un biosimilaire de l'insuline Lantus développé par l'américain Eli Lilly.

Deuxième pilier de son portefeuille, Sanofi cherche à «développer des positions compétitives» dans la sclérose en plaques, l'oncologie, l'immunologie et la santé grand public.

«Compte-tenu des investissements dans les lancements, des défis de l'activité diabète et de la mise en oeuvre progressive des économies de coûts», Sanofi ne prévoit «pas de croissance significative» de son bénéfice net par action (BNPA) sur 2016-2017.