L'ancien président de la Réserve fédérale (Fed) Ben Bernanke a estimé lundi qu'on «comptait trop sur la Fed» pour soutenir la croissance aux États-Unis, mais a en même temps critiqué l'Europe pour avoir été lente à soutenir monétairement la reprise.

Revenant sur la sortie de la crise financière à l'occasion de la publication d'un livre, M. Bernanke a déclaré sur la chaîne de télévision financière CNBC lundi: «un des problèmes qu'on a eus est qu'on comptait trop sur la Fed. Elle était vue comme l'unique solution».

«La Fed s'est chargée de la tâche la plus difficile en terme de politique économique depuis quelques années. Il faut davantage d'initiatives de la part d'autres acteurs», a encore affirmé l'ancien patron de la Banque centrale, qui a été à l'origine du soutien monétaire exceptionnel apporté à l'économie après la crise financière de 2008.

Au cours de ses mandats, la Fed a injecté quelque 3500 milliards $US de liquidités dans le système financier.

«On a besoin de voir davantage d'aide du côté de la politique budgétaire et d'autres parties du gouvernement. La Fed ne peut pas tout faire toute seule», a répété M. Bernanke.

Dans le même temps, dans une tribune parue lundi dans le Wall Street Journal, l'ancien président de la Banque centrale a critiqué sans ménagement l'Union européenne pour avoir «bloqué» l'usage de l'arme monétaire pour aider la reprise.

«Le fait de ne pas recourir en Europe à une politique monétaire et budgétaire agressive après la crise financière est une des principales raisons pour laquelle la  production dans la zone euro est environ de 0,8% en dessous de son pic avant la crise», écrit M. Bernanke, ajoutant qu'aux États-Unis au contraire, elle est de 8,9% au-dessus de son pic précédent. «L'orthodoxie économique en Europe a jusqu'à récemment bloqué l'usage de la politique monétaire (...) pour aider à la reprise», ajoute-t-il.

Il se souvient des commentaires du ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble qualifiant d'«inconscient» le choix de la Fed de procéder en novembre 2010 à une deuxième salve de «quantitative easing» ou assouplissement monétaire.

Du coup, laisse entendre M. Bernanke, le taux de chômage européen est monté à 10,9% actuellement contre environ 5% aux États-Unis, alors qu'il y a cinq ans, ils étaient respectivement de 10,2% et de 9,4%.

Âgé de 61 ans, M. Bernanke, qui a présidé la Banque centrale américaine de 2006 à 2014, publie cette semaine des mémoires intitulées «The Courage to Act» («Le courage d'agir»), dans lesquelles il revient sur la crise financière et les politiques menées pour sortir de la récession.