Le montant des dettes accumulé par les Canadiens en regard de leur chèque de paie a atteint un nouveau sommet au deuxième trimestre, les emprunts des ménages ayant augmenté plus rapidement leurs revenus.

Le niveau d'endettement, soit le ratio de la dette des ménages au revenu disponible, a augmenté à 164,6% au deuxième trimestre, alors qu'il était de 163,0% au trimestre précédent, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Cela signifie que les Canadiens devaient près de 1,65 $ sur le marché du crédit - ce qui comprend le crédit à la consommation, les prêts hypothécaires et les prêts non hypothécaires - pour chaque dollar de revenu dont ils disposent.

La dette des ménages sur le marché du crédit a progressé de 1,8% au cours du trimestre, tandis que le revenu disponible n'a crû que de 0,8% au cours de la même période.

L'économiste Benjamin Reitzes, de la Banque de Montréal, a observé que la vigueur des marchés de l'habitation de la Colombie-Britannique et de l'Ontario avait stimulé la croissance des hypothèques, malgré la faiblesse dans les régions productrices de pétrole.

« Les Canadiens ne font que répondre aux offres qui sont sur le marché », a estimé M. Reitzes, en faisant référence à la faiblesse des taux d'intérêt.

« Les faibles taux vous donnent le goût d'emprunter davantage, ce qui signifie que vous pouvez emprunter davantage, et les gens le font. »

La Banque du Canada a réduit son taux d'intérêt directeur à deux reprises depuis le début de l'année, et même si les grandes banques du pays n'ont refilé aux consommateurs qu'une portion de la réduction de la banque centrale, les taux d'emprunt ont reculé.

L'augmentation du niveau d'endettement a été identifiée comme un élément de vulnérabilité, mais en réduisant les taux en juillet, la banque centrale s'est surtout concentrée sur les risques que représentait la chute des prix du pétrole et sur les moyens d'éviter un ralentissement économique généralisé.

En outre, même si la hausse du ratio d'endettement était la plus forte depuis 2011, le deuxième trimestre est habituellement celui où l'endettement progresse le plus. « Il ne faut pas s'attendre à d'autres augmentations de cette ampleur dans la deuxième moitié de l'année », a avancé M. Reitzes.

L'économiste a noté que le ratio du service de la dette des ménages, qui divise le total des paiements obligatoires de capital et d'intérêt par le revenu disponible, avait grimpé de 0,2 point de pourcentage à 14,1%.

Cependant, les paiements d'intérêts exprimés en tant que portion du revenu disponible ont atteint le nouveau creux record de 6,37% au cours du trimestre.

L'économiste Jonathan Bendiner, de la Banque TD, a pour sa part noté que la croissance des emprunts hypothécaires semblait être le principal facteur expliquant la hausse du niveau d'endettement.

« Même si notre prévision de croissance économique décente pour la deuxième moitié de l'année va augmenter les revenus, cela va quand même vraisemblablement être contrebalancé par la croissance de la dette », a écrit M. Bendiner dans un rapport.

« Nous nous attendons à ce que le ratio de la dette aux revenus des ménages avance pendant la deuxième moitié de 2015 avant de se stabiliser en 2016, avec une modération de l'activité du marché de l'habitation. »

Dans l'ensemble, la dette des ménages sur les marchés du crédit totalisait 1874 milliards de dollars à la fin du deuxième trimestre.

La valeur nette des ménages a avancé de 0,9% au deuxième trimestre. Les actifs non financiers, essentiellement des biens immobiliers, ont vu leur valeur prendre 1,8%, tandis que celle des actifs financiers a reculé de 0,1%.

La valeur nette des ménages par habitant s'est ainsi établie à 243 800 $.