L'économie canadienne est tombée en récession durant les six premiers mois de l'année, après une contraction de 0,5% en rythme annualisé de son PIB au deuxième trimestre et un recul de 0,8% au premier trimestre, a confirmé Statistique Canada.

Le Canada connaît ainsi sa deuxième récession en six ans après la difficile crise économique de 2008 et 2009. Cinquième producteur de pétrole de la planète, le Canada subit de plein fouet le contrecoup de la chute des prix du pétrole depuis un an et devient ainsi le seul pays du G7 à être en récession cette année.

Les économistes s'attendaient à des résultats décevants pour la première moitié de l'année. Mais la majorité d'entre eux s'attendent à ce que cette récession soit de courte durée d'autant plus que l'économie des États-Unis, le principal partenaire commercial du Canada, croît à un rythme plus important que prévu. La croissance de l'économie américaine s'est en effet établie à 3,7% en rythme annualisé au deuxième trimestre.

Le recul du PIB au Canada au deuxième trimestre a d'ailleurs été moins marqué que ne le prévoyaient la moyenne des analystes, qui s'attendaient à une contraction de 0,8%. En revanche, Statistique Canada a révisé le repli du premier trimestre, initialement annoncé à -0,6%.

En outre, Statistique Canada a fait état d'un rebond de 0,5% du PIB en juin par rapport à mai, un signe que la récession pourrait être déjà terminée. Les chiffres du PIB de juillet, qui seront dévoilés en octobre, deux semaines avant le scrutin fédéral du 19 octobre, pourraient donc être déterminés pour l'avenir du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Rappelons que la Banque du Canada a procédé à deux baisses d'un quart de point de son taux directeur depuis le début de l'année pour stimuler l'économie et celui-ci s'établit maintenant à 0,50%. Elle prévoit que la croissance de l'économie canadienne en 2015 atteindra 1,1%.

« Bonnes nouvelles » selon Harper

Réagissant aux données de Statistique Canada, M. Harper s'est dit encouragé de voir que l'économie canadienne avait pris du mieux en juin. Il a soutenu que cela est la preuve que son plan d'action économique donne des résultats probants et a ajouté qu'il faut donc maintenir le cap.

« Le fait est que plus de 80 % de l'économie canadienne est en croissance. Et l'économie dans son ensemble est maintenant en croissance selon les données de juin... C'est la réalité de la situation. Ce sont de bonnes nouvelles », a-t-il dit lors d'un point de presse dans la région de Hamilton, dans le coeur manufacturier de l'Ontario.

M. Harper a ajouté que ces données sont la preuve que son plan fonctionne, et que tout changement de cap s'avérerait désastreux pour l'économie canadienne, qui s'enliserait dans « une récession permanente ».

« On doit suivre un plan basé sur un budget équilibré, des taxes et des impôts plus bas et des investissements abordables. Et si on change de plan, on va avoir une récession permanente comme on l'a dans plusieurs autres pays », a-t-il tranché.

Mais le NPD a affirmé au contraire que les données économiques confirment qu'il est temps de changer de gouvernement à Ottawa. 

« Même si les données publiées par Statistique Canada ce matin étaient prévisibles, elles n'en demeurent pas moins décevantes. À cause de la mauvaise gestion des conservateurs, les Canadiens doivent composer avec une stagnation des revenus, une hausse de l'endettement,  d'innombrables pertes d'emplois et l'érosion de la sécurité de leur retraite», a affirmé Andrew Thomson, candidat du NPD dans Eglinton-Lawrence et ancien ministre des Finances de la Saskatchewan. 

« Soyons clairs : on ne parle pas de statistiques décevantes sur une période d'un mois ou d'un trimestre. On parle d'une décennie complète qui a été gaspillée : dix ans de pertes d'emplois, d'infrastructures en ruines et d'allégements fiscaux aux mieux nantis. Dix ans où la situation de la classe moyenne s'est détériorée», a-t-il ajouté.

M. Thomson a tenu une conférence de presse à Ottawa en compagnie de deux autres candidats du NPD, Peggy Nash et Guy Caron, pour commenter les données de Statistique Canada.

« Il y a 1,3 million de Canadiens sans emploi sous le gouvernement de Stephen Harper. Il est évident que les conservateurs n'ont pas de plan pour créer de l'emploi ou aider les familles de la classe moyenne. Et les libéraux n'ont pas de plan fiable », a pour sa part affirmé Guy Caron, sollicite un deuxième mandat dans Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques.

Pour sa part, le chef du Parti libéral Justin Trudeau a soutenu que son parti est le seul à s'engager à prendre des mesures pour relancer l'économie. Il a rappelé sa promesse d'investir 60 milliards de plus sur 10 ans dans les infrastructures afin de créer des emplois. Toutefois, les Canadiens devraient accepter des déficits frisant les 10 milliards de dollars au cours des trois prochaines années. Le retour à l'équilibre serait atteint en 2019-2020.

« Les chiffres de Statistique Canada confirment ce que nous savons depuis un certain temps déjà : le Canada est en récession, a dit M. Trudeau. Cette élection offre aux Canadiennes et Canadiens un choix évident entre, d'un côté, les investissements intelligents dans les emplois et la croissance, et de l'autre, des compressions budgétaires qui ralentiront davantage notre économie. Seuls les libéraux ont un véritable plan pour bâtir une solide économie et renforcer la classe moyenne. »