Studio d'effets visuels cherche ville pour accueillir les 400 employés de sa nouvelle division de films d'animation. De préférence où il a déjà ses habitudes et où il y a suffisamment d'employés locaux qualifiés.

On n'agrandit évidemment pas un studio d'effets visuels avec un message de type «petites annonces». C'est notamment pourquoi les dirigeants de l'entreprise britannique Cinesite étaient de passage hier à Montréal. L'autre raison: célébrer la croissance de son studio montréalais, qui s'est avérée plus rapide que prévu.

«Nous voulons remercier les gens qui nous ont aidés», dit Peter Nagle, président du conseil d'administration de Cinesite, qui avait convié hier le maire de Montréal Denis Coderre, le ministre québécois du Développement économique Jacques Daoust ainsi que les représentants d'Investissement Québec et de Montréal International à un cocktail dans son studio du Vieux-Montréal.

Un studio qui a bien failli ne jamais voir le jour: Cinesite négociait pour établir son premier studio nord-américain à Toronto quand l'entreprise a reçu un appel de Montréal International. «Ils avaient entendu parler qu'on voulait s'établir à Toronto», dit Peter Nagle en entrevue à La Presse. Et ils avaient une proposition à faire.

En janvier 2014, Cinesite annonçait donc la création d'un studio montréalais qui aurait 250 employés en 2018. Erreur: un an et demi plus tard, Cinesite a déjà 220 employés à Montréal (contre aucun à Toronto) et atteindra son objectif de 250 employés d'ici la fin de l'année. «Montréal était «the new kid on the block», et avec un crédit d'impôt un peu plus généreux, se rappelle Peter Nagle. Nous étions un peu préoccupés par la disponibilité de travailleurs qualifiés.»

Même dilemme

Presque deux ans plus tard, Cinesite se retrouve ironiquement avec le même dilemme, cette fois pour savoir où établir sa nouvelle division de films d'animation qui devrait compter 400 employés.

Cinesite ne veut pas trop ouvrir son jeu ni préciser si Montréal est en sommet de la liste des villes potentielles pour accueillir cette nouvelle division, mais le sujet sera au coeur des discussions entre l'entreprise et les différents intervenants québécois en développement économique.

Cinesite doit prendre une décision d'ici la fin de l'année dans ce dossier. «Montréal est nouvelle dans ce jeu [l'industrie des effets visuels], elle a grandi à un rythme important - de plusieurs centaines d'employés à presque 3000 personnes en quelques années - , la question est de savoir si elle peut grandir au rythme où nous voulons grandir», dit Peter Nagle.

Cinesite n'est pas le seul studio étranger à grandir plus vite que prévu à Montréal. Le studio britannique Framestore est passé de 200 (son objectif original) à 300 employés en 2015. En 2013, Technicolor/MPC voulait créer 250 emplois, et son studio montréalais en a désormais 560 (sans compter les 200 emplois chez Mikros, acquis depuis par Technicolor).

Depuis janvier 2014, les employés montréalais de Cinesite ont travaillé sur les effets visuels de films tels X-Men: Days of Future Past, The Man from U.N.C.L.E. et San Andreas. Au total, des contrats d'une valeur de 40 millions de dollars rendus possibles beaucoup grâce au crédit d'impôt québécois de 36%.

En Colombie-Britannique, le crédit d'impôt est plutôt de 17,5%. «Si le Québec avait le même crédit d'impôt que Vancouver, les films que nous avons pu faire à Montréal n'auraient absolument pas pu être faits à Montréal, dit Peter Nagle. [...] Quand il y a eu le changement [le crédit d'impôt est passé de 44% à 36% en 2014], ça a causé du stress.»

L'écart entre les deux crédits d'impôt n'a toutefois pas empêché Cinesite - qui a toujours 170 employés à son bureau de Londres - d'acquérir le mois dernier Image Engine, un studio de 250 employés à Vancouver. L'entreprise mentionne aussi Los Angeles comme une ville intéressante pour ses plans d'expansion.

Bref, Cinesite ne manque pas d'options pour sa nouvelle division de films d'animation, qui a déjà signé des ententes pour quatre projets. «Au contraire des films [à grand déploiement], le budget des films d'animation est dépensé essentiellement sur les travailleurs d'effets visuels», note Peter Nagle.