Commander, voir arriver par GPS et payer son taxi directement avec son téléphone intelligent. Évaluer son chauffeur à chaque course. Depuis minuit hier soir, ces possibilités ne sont plus réservées à Uber mais ont été implantées par la plus importante compagnie de taxi au Québec, Taxi Diamond.
La nouvelle application, qui sera lancée ce matin et que La Presse a pu tester depuis quelques jours, est clairement la réponse de cette entreprise montréalaise à la menace Uber, convient son PDG, Dominique Roy. «On l'avait à l'esprit depuis un certain temps, indique-t-il en entrevue. L'idée est arrivée bien avant Uber. Leur apparition a accéléré le développement de nouvelles technologies.»
L'utilisation de l'application se veut «rapide et facile», affirme-t-il. Il ne faut effectivement que quelques minutes pour configurer un compte, y consigner ses informations de paiement et ses adresses préférées. Difficile de se perdre dans cette interface, au design épuré et clair.
Majorité au téléphone
En avril 2011, Taxi Diamond a mis sur le marché une application mobile qui permettait déjà notamment de commander son taxi, de le suivre et de choisir son mode de paiement. La transaction devait cependant être bouclée, à la fin du trajet, en espèces sonnantes ou par carte de crédit. Aucune possibilité d'évaluer le chauffeur, de consigner ses courses dans un profil ou de recevoir son reçu par courrier électronique n'était cependant intégrée.
Ces lacunes ont notamment été soulevées par des utilisateurs de Taxi Diamond lors de séances de consultation menées l'hiver dernier. L'entreprise estime qu'«entre 15 et 18%» de ses 5 millions de courses annuelles sont commandées par l'application déjà existante. «La majorité des clients utilisent encore le téléphone, indique M. Roy. L'application, c'est parti très timidement pour évoluer. J'espère qu'il va y avoir une évolution avec notre dernière version.»
Chauffeurs rassurés
Comme pour l'ancienne mouture, le PDG confirme que le temps d'attente est sensiblement réduit quand on commande son taxi avec son téléphone intelligent, comme La Presse l'a vérifié à maintes reprises. La raison est simple: contrairement à la répartition téléphonique, où les chauffeurs choisissent eux-mêmes les clients, l'application «ordonne» au chauffeur le plus proche de prendre la commande. Ceux-ci sont moins hésitants à répondre présent, semble-t-il.
«C'est un peu le cauchemar des chauffeurs de taxi de recevoir un appel et de s'apercevoir que le client n'est pas là. Sur l'application, le client voit arriver son taxi, ça devient plus sécuritaire pour le chauffeur. Il sait très bien que ce n'est pas un criminel ou quelqu'un qui va le voler.»
Sans préciser les coûts de développement de la nouvelle application, M. Roy indique qu'il s'agit d'«une bonne partie» du million de dollars annoncé par l'entreprise l'année dernière pour s'adapter au marché. L'arrivée d'Uber, estime-t-il, a surtout fait mal aux chauffeurs qui misaient sur la clientèle qui hèle son taxi directement dans la rue. «La force de communication d'Uber a fait que ces clients les ont adoptés. Nous, 85% de notre clientèle nous appelle par téléphone, et Uber n'accepte pas ces clients-là.»
Un des défis de Taxi Diamond sera de former ses 2500 chauffeurs à l'utilisation de cette nouvelle application. «Ce n'est pas évident, former 2500 chauffeurs, mais on s'est assurés que nos employés de bureau soient formés au cas où le chauffeur n'est pas à l'aise.»
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TAXI DIAMOND
> Fondée en 1922
> 1080 véhicules sur l'île de Montréal
> 5 millions de courses par an (14% du marché)
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LE TAXI À MONTRÉAL
> Coût d'acquisition d'un permis de propriétaire (le 10 juillet 2015, Kijiji): entre 182 000 et 225 000$
> 4085 permis de propriétaires correspondant à une voiture de taxi sur l'île de Montréal
> 1400 chauffeurs-propriétaires indépendants, non affiliés à un intermédiaire
> 11 625 permis de chauffeurs, dont 113 attribués à des femmes
> Âge moyen des chauffeurs: 49,8 ans
> 440 millions en chiffre d'affaires annuel
Sources: Ville de Montréal, Bureau du taxi