Montréal veut devenir l'endroit idéal pour la conduite des essais pharmaceutiques chez l'humain.

Trois grands hôpitaux universitaires (le CHUM, le CUSM et le CHU Sainte-Justine) viennent d'unir leurs services et leurs experts afin d'offrir aux sociétés pharmaceutiques le meilleur environnement possible quand elles commencent leurs essais cliniques. 

En janvier dernier, ils ont lancé le Centre mondial d'expertise en recherche clinique précoce.

Les sociétés pharmaceutiques sont loin d'être insensibles au projet, et quelques-unes d'entre elles y participent déjà. C'est le cas de Servier et de GlaxoSmithKline. L'association canadienne des pharmaceutiques innovatrices, Rx&D, y prend part également.

« Pour attirer ces essais chez l'humain, il fallait d'abord arrêter de se marcher sur les pieds, de lutter les uns contre les autres, souligne Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec. Nos trois grands centres hospitaliers universitaires travaillent maintenant ensemble et proposent un service d'études cliniques intégré. Et nous visons ajouter les hôpitaux Sacré-Coeur et Rosemont à notre Centre d'expertise. »

Médecine personnalisée

Le temps achève où l'on voulait traiter toutes les variantes d'une maladie comme le cancer avec une seule pilule miracle. 

Les essais chez l'humain incluront de plus en plus des tris selon les variantes génétiques portées par les patients. Et les essais cliniques testeront les effets d'un composé sur une ou deux variantes génétiques. 

C'est dans ce contexte que Montréal croit pouvoir exceller.

« Au CHUM, nous sommes présentement à monter notre service de génomique, rattaché à la toute nouvelle unité de recherche clinique, annonce Vincent Poitout, directeur par intérim du Centre de recherche du CHUM. Le Dr Jacques Turgeon a monté notre plateforme de pharmacogénomique, et pour les travaux de fine pointe, nous collaborerons avec le Centre d'innovation Génome Québec et l'Université McGill. »

Le Dr Poitout souligne deux autres avantages que Montréal est en mesure de faire valoir auprès des sociétés pharmaceutiques. 

« D'abord, si vous mettez les trois CHU ensemble, vous avez là un bassin potentiel de plusieurs centaines de milliers de patients disponibles pour les essais. » 

« Ensuite, ajoute-t-il, ici, au CHUM, nous disposons de 15 lits réservés pour la recherche clinique précoce [séjours de un à trois jours]. C'est le quatrième plus grand service hospitalier de recherche clinique en Amérique du Nord. »

Rémi Quirion met de l'avant un troisième avantage : « Les pharmaceutiques se rendent compte que faire des essais cliniques avec tri génétique en Chine, en Inde ou en Europe de l'Est, c'est moins cher, mais c'est loin d'être parfait. »

Du sur-mesure

À l'origine de ce Centre mondial d'expertise en recherche clinique précoce, il y a Montréal InVivo, la grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé. 

InVivo développe la stratégie de séduction pour amener les pharmas à faire leurs premiers tests chez l'humain à Montréal.

« Il faut leur offrir du sur-mesure, insiste Michelle Savoie, présidente-directrice générale d'InVivo. Nous sommes à scruter chaque composé de chaque pharma sur le point d'arriver au stade des premiers essais chez l'humain. Et pour beaucoup, nous avons des offres très ciblées à faire. »

Il faut convaincre les sociétés pharmaceutiques, explique-t-elle, que la combinaison des experts des trois CHU permet de bâtir un protocole d'étude clinique précoce qui recevra plus rapidement l'approbation des autorités réglementaires.

« Finalement, dit Mme Savoie, nous sommes à identifier nos outils distinctifs, comme les bases de données de Génome Québec qui peuvent accélérer le tri génétique des patients. »