Même des travailleurs qualifiés comme ceux de Bombardier ne sont pas épargnés : Montréal était, en 2014, la région métropolitaine du Québec dont le taux de chômage était le plus élevé.

Ça s'explique, selon Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. « C'est la ville qui attire les chercheurs d'emplois de partout au Québec », dit-elle.

Montréal n'est pas abonné à vie à cette première place. Depuis des années, les villes de Montréal, Saguenay et Sherbrooke s'échangent régulièrement le titre, souligne l'économiste.

Malgré les récentes annonces de mises à pied chez Bombardier, Bell Helicopter et Target, qui ont marqué les esprits, le marché du travail ne se porte pas trop mal dans la région de Montréal.

« Il y a eu une perte nette de 10 800 emplois en 2014, mais ça faisait suite à des augmentations nettes de 50 600 en 2013 et de 25 900 en 2012 », relativise-t-elle.

La région de Montréal a beaucoup souffert du déclin de l'industrie manufacturière. Son secteur du commerce de détail écope aujourd'hui de l'arrivée massive des grands détaillants américains. Mais quand les mises à pied surviennent dans des secteurs considérés comme en croissance, ça fait encore plus mal.

Les pertes d'emplois n'ont pas toutes le même impact économique, souligne Luc Cloutier-Villeneuve, analyste à l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). 

« Des mises à pied chez Target n'ont pas les mêmes effets indirects que des mises à pied chez Bombardier. On ne parle pas des mêmes salaires et du même niveau de qualification. »

Un diplôme et des qualifications ne mettent pas nécessairement à l'abri du chômage, a constaté Joëlle Noreau dans une étude récente. De fait, le groupe le plus nombreux des chômeurs du Québec, soit 119 000 des 343 200 chômeurs, détenait un diplôme d'études post-secondaires à la fin de 2014.

« Le diplôme est un atout, mais pas une garantie absolue d'emploi », dit-elle.

Il n'y a pas d'adéquation parfaite entre les besoins des entreprises et les travailleurs disponibles. Un travailleur spécialisé dans la finition des avions d'affaires qui a appris hier qu'il perdra son emploi ne trouvera pas nécessairement ou rapidement un poste équivalent.

Le marché du travail est très dynamique, explique Luc Cloutier-Villeneuve. Des milliers d'emplois se perdent, et ça fait souvent grand bruit, et des milliers d'autres se créent dans la plus totale discrétion.

La bonne nouvelle, c'est que la qualité des emplois se maintient au Québec, contrairement aux États-Unis où les nouveaux emplois sont le plus souvent à temps partiel et à bas salaire. L'ISQ a entrepris d'examiner la qualité des emplois créés au Québec selon des critères comme la rémunération, la stabilité, la qualification et la durée (temps plein ou temps partiel). « La proportion des emplois de qualité se maintient depuis 1997 », constate l'analyste.

Perspectives inchangées

Un début d'année difficile n'a pas encore incité les économistes à réviser leurs prévisions du marché de l'emploi à Montréal pour 2015. Desjardins prévoit toujours la création nette de 16 000 emplois dans la région métropolitaine cette année, selon Joëlle Noreau.

Hier, le Conference Board du Canada a prédit que l'économie de Montréal prendra du mieux en 2015 et en 2016. « Nous prévoyons que Montréal enregistrera son plus fort taux de croissance depuis 2002 », a fait savoir le spécialiste des études municipales de l'organisme, Alan Arcand.

Le marché du travail en profitera : le nombre d'emplois devrait augmenter de 1,2 % à Montréal en 2015.

Le chômage en chiffres (2014)

Nombre de chômeurs à Montréal



• 175 100 (2013)

• 179 700 (2014)

Taux de chômage (régions métropolitaines)

• Montréal : 8,2 %

• Ville de Québec : 5,2 %

• Québec : 7,7 %

Taux de chômage (régions administratives)

• Montréal : 8,1 %

• Toronto : 7,1 %

• Vancouver : 6,2 %

Pertes d'emplois à Montréal depuis un an

• Bombardier Aéronautique : 1000

• Target : 3000

• Energizer : 430

• Bell Helicopter : 300

• Industries Cover : 80