La croissance économique reste anémique au Québec, mais elle permet tout de même de créer des emplois depuis le début de l'année.

De mois en mois, la progression reste modeste et peut sembler non significative.

Avril ne fait pas exception avec l'ajout de 11 700 emplois.

Ce chiffre est à l'intérieur de la marge d'erreur de l'Enquête sur la population active (EPA), précise Statistique Canada. Il est cependant le résultat de 38 600 emplois à temps plein créés et de 26 900 emplois à temps partiel détruits, deux chiffres significatifs.

Depuis le début de l'année, le nombre de nouveaux emplois totalise 49 800, chiffre qui représente, à lui seul, plus que l'ensemble des gains observés d'un océan à l'autre.

Le taux de chômage diminue aussi d'un cran à 7,4 %. Mais il y a plus encourageant encore: la proportion de la population de 15 ans et plus qui détient un emploi, ce qu'on appelle le taux d'emploi dans le jargon économique, gagne deux dixièmes à 60,2 %. Depuis le début de l'année, il est en hausse de sept dixièmes.

À l'échelle canadienne, la situation est plus terne, mais pas sombre pour autant. Il s'est perdu 19 700 emplois en tout, tous à temps partiel. Cela annule en partie le gain de 28 700 emplois observé en mars.

Si le taux de chômage reste à 6,8 % pour un troisième mois d'affilée, le taux d'emploi recule d'un cran à 61,3 % et revient au même niveau qu'en début d'année.

Jusqu'ici en 2015, ce qui distingue le plus le marché du travail québécois de celui de l'ensemble du Canada, et qui représente le chiffre le plus encourageant de l'EPA d'avril, c'est sans doute l'évolution de la population active, soit la proportion des 15 ans et plus qui détient ou cherche un emploi.

Au Québec, cette cohorte a augmenté de 51 900 personnes, alors que la population totale des 15 ans et plus a crû de 11 500 personnes.

D'un océan à l'autre, la population active augmente de 77 400 personnes, mais la cohorte des 15 ans et plus a grossi de 91 600.

Bref, malgré le vieillissement de la population du Québec plus rapide que dans l'ensemble du Canada, la quantité de Québécois sur le marché du travail augmente davantage encore et le taux de chômage diminue quand même.

Comme c'est le cas depuis le début de l'année, les embauches d'avril se sont concentrées dans le secteur des services, bien que l'emploi en usine enregistre un gain significatif de 7800. Ce sont les segments des services financiers, de l'enseignement, de la santé et des services sociaux qui ont surtout gonflé leurs effectifs.

En revanche, l'industrie de la construction a vu le sien diminuer à nouveau de 8700 personnes, portant la saignée à 30 000 depuis le début de l'année, soit 10 000 de plus que dans le Canada dans son ensemble.

Les données d'avril publiées hier par la Société canadienne d'hypothèques et de logement fournissent une explication: depuis un an, le nombre de mises en chantier est en chute de 29 % au Québec.

Le Québec a aussi perdu 7000 postes dans le commerce. Ce n'est guère surprenant puisque c'est en avril que l'EPA a capté l'effet de la fermeture des magasins Target.

À l'échelle canadienne, on observe une consolidation du marché du travail. La perte nette de 19 700 cache le gain de 46 900 postes salariés à temps plein dans le secteur privé. Des emplois à temps partiel ont été transformés en temps plein, tandis que du travail autonome est devenu salarié. En fin de compte, le nombre d'heures travaillées augmente de 0,3 %.

Les travailleurs autonomes représentent 15,2 % de l'ensemble de l'effectif canadien au travail. Au Québec, la proportion est de 13,5 %.

La consolidation du marché du travail canadien pourra se poursuivre si l'américain poursuit son expansion. Le mois dernier, il s'est ajouté 223 000 emplois salariés non agricoles chez l'Oncle Sam. Le taux de chômage y est demeuré stable à 5,4 %.

Ce beau chiffre camoufle toutefois un taux d'emploi de 59,3 % seulement. Avec la méthodologie américaine, le taux d'emploi canadien grimpe à 61,8 %, et le taux de chômage glisse à 6,0 %.