Le déficit commercial américain a bondi en mars, pour atteindre son plus haut niveau mensuel en près de six ans et demi, sur fond d'appréciation du dollar, selon des données publiées mardi par le département du Commerce.

Chroniquement déficitaire, le solde des échanges des États Unis s'est établi à 51,4 milliards de dollars, en données corrigées des variations saisonnières, soit une hausse de 43,1% par rapport à février. Pour ce mois-là toutefois, le déficit avait reculé à son plus bas niveau depuis cinq ans.

Le déficit de mars représente un sommet depuis octobre 2008 et montre la plus forte hausse depuis fin 1996, a précisé le ministère.

L'ampleur de ce creusement brutal du déficit, tiré par une augmentation historique des importations (+7,7%) alors que les exportations ont stagné (+0,9%), a surpris les analystes. Dans leur prévision médiane, ils misaient sur une hausse de seulement 11% du déficit commercial des biens et services.

Sur un an toutefois, le déficit commercial américain limite sa progression à 5,2% par rapport à la même période de 2014, exportations (-2%) comme importations (-0,8%) étant en recul.

Mais en mars, le solde des échanges a été tiré dans le rouge par des importations de biens en hausse de 9%, un record historique, soit 197,6 milliards de dollars.

Avec les services, ces importations totalisent 239,2 milliards de dollars, en progrès de 7,7%. Le déficit des biens seuls, à 70,6 milliards de dollars, est le plus important depuis août 2008.

Le ministère ne donne pas d'explication pour cette vive augmentation mais depuis l'été, le dollar s'est apprécié de 15%, rendant les exportations américaines plus chères et les importations au contraire, moins onéreuses.

Ainsi, les importations de produits alimentaires et de nourriture d'élevage ont grimpé à leur plus haut niveau historique (11 milliards USD), de même que les importations de biens d'investissements (52 milliards USD) et celles de produits de consommation (54,2 milliards USD).

Parmi celles-ci, le ministère souligne une augmentation des importations de téléphones cellulaires et de produits textiles.

En revanche, les importations de produits pétroliers sont tombées à leur plus bas niveau depuis septembre 2004 (15,4 milliards USD).

En termes géographiques et en données brutes, le déficit avec la Chine a grimpé de 38,6% à 31,2 milliards en mars. Il a aussi bondi de 35,7% avec l'Union européenne à 12,7 milliards de dollars, dont 1,6 milliard avec la France (+42,4%), 6,1 milliards (+14,9%) avec l'Allemagne et 2,3 milliards avec l'Italie (+6,8%).

C'est avec le Japon que le déficit américain s'est le plus creusé en mars, atteignant 7,1 milliards de dollars (+70,4%), à l'heure où les deux pays sont prêts de conclure un traité commercial de libre-échange.