Jusqu'où peut-on parodier les publicités d'un concurrent? Malgré leur rivalité intense, Bell estime que son concurrent Vidéotron a dépassé les bornes avec sa dernière campagne publicitaire, qui associe notamment les services de Bell à la chanson Ma vie c'est d'la marde de Lisa Leblanc.

Bell a ainsi déposé cette semaine une poursuite afin de faire retirer deux publicités télé de Vidéotron, qui demandait au même moment au tribunal le retrait de publicités de Bell dans les journaux avec des prix inexacts. Le verdict provisoire du juge: Vidéotron pourra continuer à diffuser ses deux pubs télé jusqu'au retour des parties en cour à la mi-septembre, mais Bell s'est engagé à retirer ses publicités controversées en matière de prix.

Bell s'indigne de deux publicités télé de Vidéotron. La première publicité parodie notamment les publicités de Bell en utilisant un décor similaire, mais avec des personnages dont les services de télécoms fonctionnent mal, le tout au son de la chanson Ma vie c'est d'la marde de Lisa Leblanc. Dans cette publicité, les services de Vidéotron fonctionnent bien et sont présentés avec la chanson Y'a d'la joie, de Charles Trenet. Bell estime que cette publicité, qui sous-entend que ses services sont «"de la marde" ou ne valent rien ou sont de piètre qualité», «s'inscrit dans une campagne de diffamation et de dénigrement».

La deuxième publicité controversée de Vidéotron utilise le même procédé publicitaire avec décor similaire des pubs de Bell, mais cette fois-ci en sous-entendant que l'accès internet de Bell Fibe est ralenti par Fibe Télé. «Cette publicité ne fait référence à aucun test de donnée pouvant démontrer la véracité de cette affirmation publicitaire», indique Bell dans sa requête. La publicité n'était pas disponible hier sur le site de Vidéotron sur YouTube.

Prix erronés

De son côté, Vidéotron a gagné la première manche de sa propre poursuite pour publicité fausse et trompeuse contre Bell, se plaignant du fait que des publicités de Bell dans les journaux indiquent des prix erronés. Bell s'est engagé à ne plus diffuser les publicités en question. Bell fait toutefois valoir que «sa campagne de publicité était déjà terminée».

Vidéotron en avait essentiellement contre deux publicités parues dans le quotidien Métro au début avril. La première vantait un forfait partageable de Bell à 80$ par mois, la deuxième un forfait trio à 79,90$ par mois. Vidéotron estime que des «frais obligatoires supplémentaires sont cachés aux consommateurs et n'apparaissent nulle part dans lesdites publicités, de sorte que celles-ci sont fausses et trompeuses par rapport à un élément fondamental des services, soit leur prix.» Selon Vidéotron, ces publicités contreviennent à la Loi sur la concurrence et à la Loi sur la protection du consommateur.

Dans sa poursuite, Vidétron explique que le forfait partageable coûte 130$ plutôt que 80$ par mois puisqu'il faut obligatoirement ajouter 50$ pour une deuxième ligne téléphonique (50$ par ligne supplémentaire). «Le client ne peut pas partager de données avec un autre utilisateur [...] sans payer un minimum de 130$ par mois», écrit Vidéotron dans sa poursuite déposée en Cour supérieure. Quant à la deuxième publicité sur un forfait trio (Télé Fibe, Internet Fibe 50 illimité, téléphonie résidentielle) à 79,90$ par mois, Vidéotron allègue que le forfait coûte en réalité 89,90$ par mois puisqu'il faut ajouter 10$ par mois pour qu'internet soit illimité.