Après une embellie spectaculaire ces derniers mois, les créations d'emplois aux États-Unis ont nettement marqué le pas en mars, victimes du dollar fort, de la chute des prix du pétrole et d'un hiver qui s'éternise.

L'activité économique n'a généré que 126 000 emplois en mars, encaissant une chute de 52% par rapport à février et décevant les analystes qui tablaient sur un chiffre deux fois supérieur.

Le ministère a en outre révisé en baisse de 69 000 les chiffres des deux mois précédents.

Malgré ce sévère ralentissement des créations d'emplois, tombées à leur plus bas niveau depuis fin 2013, le taux de chômage est parvenu à rester stable à 5,5%.

Il a été toutefois aidé par un nouveau recul de la participation au marché du travail de 0,1 point de pourcentage à 62,7%, représentant 96 000 personnes de moins en recherche active d'emploi.

Pour des raisons de pyramide des âges, de manque de formation et de perte d'espoir dans la recherche d'emploi, la participation au marché du travail a décliné aux États-Unis depuis la crise de 2008 et est au plus bas depuis plus de 30 ans.

«Le rapport de mars reflète un rythme de croissance d'emplois en dessous de la tendance récente», a admis le président du Cercle des conseillers économiques de la Maison-Blanche, Jason Furman dans un communiqué.

«Une série de facteurs a affecté les données économiques pour ce premier trimestre, dont les conditions climatiques et le ralentissement de l'économie mondiale», a-t-il ajouté.

La chute des prix du pétrole depuis l'été a eu des répercussions dans le secteur minier qui compte toutes les industries extractives, en tempérant les investissements. Ces industries ont détruit 11 000 emplois en mars et plus de 30.000 au cours du premier trimestre.

Le renforcement du dollar a également affecté la production manufacturière, rendant les produits américains plus chers à l'exportation tout en dopant des importations devenues moins onéreuses.

Le secteur de la production de biens est ainsi tombé dans le rouge, détruisant un millier d'emplois nets.

«Les effets du dollar fort sont clairs: il fait perdre des emplois en usine aux États-Unis», a déclaré le président de l'association Alliance for American Manufacturing, Scott Paul, expliquant que les importations d'acier, devenues moins coûteuses, détruisaient des emplois américains.

Pas d'inquiétude

Si elle est décevante, la performance du marché du travail en mars n'inquiète toutefois pas profondément les analystes.

«Cela ne va pas durer. Un mois seul ne constitue pas une tendance», assure Sal Guatieri, de BMO Capital Markets. «Nous ne pensons pas qu'il y ait des raisons de s'inquiéter», ajoute Harm Bandholz, d'UniCredit.

Avec 197 000 nouveaux emplois en moyenne chaque mois depuis le début de l'année, l'économie américaine présente «des gains d'emplois qui sont largement suffisants pour faire baisser le taux de chômage», assure cet économiste.

«Il est peu probable qu'il s'agisse d'une nouvelle période creuse comme on en a eue plusieurs fois pendant la reprise», estimait aussi Paul Ashworth de Capital Economics soulignant que d'autres indicateurs de l'emploi sont au vert comme les baisses de demandes hebdomadaires d'allocations chômage ou le nombre record d'offres de postes.

Pourtant ce passage à vide pourrait «donner du grain à moudre à ceux parmi les responsables de la Réserve fédérale (Fed) qui veulent attendre plus longtemps avant une première hausse des taux d'intérêt», souligne Harm Bandholz.

«Cela risque de retarder la première hausse des taux de la Fed à septembre», admet Paul Ashworth jusqu'ici persuadé comme de nombreux analystes qu'un relèvement interviendrait dès juin. Les taux au jour le jour ont été maintenus proches de zéro depuis plus de six ans pour soutenir la reprise.

La bourse de New York n'a pas eu l'occasion de réagir à ces chiffres décevants, le marché étant fermé pour le Vendredi saint.