Les consommateurs risquent de payer plus cher pour leur connexion internet, alors que les fournisseurs de services de télécommunications tenteront de conserver leurs bénéfices suite à la décision du CRTC sur la télédistribution.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a statué jeudi que les fournisseurs de service de télévision par satellite et par câble devraient offrir dès mars 2016 un bouquet «entrée de gamme» à 25 $ par mois, maximum. Celui-ci devra inclure toutes les stations de télévision régionales, les canaux «d'intérêt public», les canaux éducatifs et le canal communautaire, ainsi que les quatre ou cinq chaînes généralistes américaines.

La formule édictée jeudi par le CRTC permettra aux consommateurs d'ajouter «à la carte» des chaînes supplémentaires, mais la plupart des clients verraient leur facture diminuer, car ils n'auront plus à payer pour des chaînes qui ne les intéressent pas, soutient l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins.

Or, les fournisseurs de services de télévision par câble ou par satellite, qui perdront ainsi des revenus, voudront maintenir leurs bénéfices et se tourneront alors vers leurs clients internet pour récupérer les sommes perdues, estime M. Yaghi.

Et comme de plus en plus de consommateurs tirent leurs services de télévision de l'internet, cette connexion voit sa valeur marchande augmenter, et les entreprises pourront alors trouver une légitimité pour augmenter leurs prix, croit-il.

De plus, le secteur de l'internet offre une plus grande marge bénéficiaire, explique l'analyste, et des entreprises comme Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]], Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]] et Telus [[|ticker sym='T.T'|]] n'auront donc pas besoin de remplacer un dollar perdu dans la télévision par un nouveau dollar dans le secteur de l'internet. L'augmentation de la facture internet sera donc moins importante, estime M. Yaghi.

Par contre, la décision du CRTC pourrait tuer certaines chaînes spécialisées, qui étaient jusqu'ici rentables parce qu'elles étaient liées à d'autres chaînes populaires au sein d'un même forfait.

«Les consommateurs auront plus de liberté pour composer leur propre bouquet, mais l'offre de chaînes pourrait être moins grande», indique Lawson Hunter, spécialiste en droit réglementaire au cabinet Stikeman Elliott, et ancien cadre chez BCE. En outre, si des chaînes canadiennes devaient disparaître, les fournisseurs de services de télévision pourraient alors réduire leur contenu étranger, afin de respecter les ratios réglementaires, soutient-il.

Et tout ce dossier reviendra éventuellement devant le CRTC, prédit M. Hunter.