Le chômage a continué de baisser en février aux États-Unis, tombant à son plus bas niveau depuis près de sept ans, ce qui montre la bonne santé de l'économie américaine, mais relance le débat sur une hausse prochaine des taux de la Banque centrale.

Le taux de chômage a glissé en février à 5,5 %, perdant deux dixièmes de points par rapport à janvier et battant les attentes des analystes qui misaient sur 5,6 %.

Ce recul du chômage à un nouveau plus bas niveau depuis la crise financière (mai 2008) s'est réalisé grâce à des créations dynamiques d'emplois.

En dépit du mauvais temps, des grèves sur les ports de la côte ouest et dans des raffineries pétrolières, l'économie américaine a généré 295 000 nouveaux emplois, dépassant largement la prévision médiane des analystes. «C'est vraiment un rapport fort!», résumait Ian Shepherdson, économiste de Pantheon Macroeconomics.

Les créations d'emplois du mois précédent ont toutefois été révisées en baisse de 18 000 à 239 000.

La baisse du taux de chômage a été aussi aidée par un nouveau léger recul de la participation au marché du travail passée à 62,8 % (-0,1 pt), ce qui représente 178 000 personnes de moins employées ou en recherche active d'emplois.

Pour des raisons de pyramide des âges, de manque de formation ou de découragement vis-à-vis de la recherche d'emplois, la participation au marché du travail a décliné aux États-Unis depuis la crise de 2008 et est au plus bas depuis plus de 30 ans.

Reste que le taux de chômage est «désormais sur une tendance où il perd un point de pourcentage par an», souligne Jim O'Sullivan de HFE.

À 5,5 %, le taux de sans-emplois s'approche du taux de chômage «naturel» que la Fed estime entre 5,2 % et 5,5 %.

De nombreux secteurs ont embauché davantage, que ce soit dans la restauration, les services aux entreprises, le bâtiment ou les soins, note le ministère du Travail.

Parmi les rares secteurs à avoir débauché figure celui des mines, reflétant la baisse d'activité des producteurs pétroliers en raison de la chute des prix.

Toujours pas d'accélération des salaires

Rare ombre au tableau, l'augmentation des salaires n'est toujours pas au rendez-vous malgré un marché de l'emploi qui se tend et qui devrait conduire les employeurs à relever les rémunérations pour retenir les salariés.

Le salaire horaire moyen n'a progressé que de 0,1 % en février, reléguant la hausse sur un an à 2 %, très légèrement au-dessus de l'inflation. «Mais il n'est pas raisonnable de penser qu'une hausse si timide des salaires puisse durer très longtemps», assure Ian Shepherdson.

Ces bons chiffres de l'emploi qui interviennent à 10 jours d'une réunion de la Réserve fédérale (Fed), relancent le débat sur le calendrier d'une hausse des taux d'intérêt, la première en une décennie.

«Cela accroît la pression sur la Fed pour un relèvement des taux en juin», assure Paul Dales de Capital Economics.

Dans l'immédiat, le dynamisme du marché de l'emploi pourrait conduire le Comité monétaire de la Fed (FOMC) à donner un signal aux marchés le 18 mars. Il pourrait cesser de dire dans son communiqué officiel qu'il faut rester «patient» avant une hausse des taux.

«Nous sommes de ceux qui pensent que le terme ''patient'' va être abandonné à la prochaine réunion du FOMC et que les taux vont grimper en juin», affirme Ian Shepherdson.

Avant de s'engager dans une normalisation de sa politique monétaire, la Fed scrute les salaires car elle voudrait voir des signes que l'inflation est sur la pente ascendante.

La banque centrale vise un objectif de 2 % pour la hausse des prix à moyen terme, un niveau qu'elle estime sain pour l'économie, alors que l'inflation reste bien en dessous du fait de la chute des prix pétroliers notamment.

Pour Sal Guatieri, senior économiste pour BMO Capital Markets, la hausse médiocre des salaires «pourrait encore donner du temps à la Fed, retardant le premier relèvement des taux d'intérêt au mois de septembre».