Le géant américain Amazon a ouvert jeudi une boutique sur une plateforme d'Alibaba, le numéro un chinois du commerce électronique, avec l'objectif de muscler sa présence en Chine - un marché crucial où son propre site ne connaît qu'un succès très limité.

Via sa boutique sur Tmall.com - lancée très discrètement -, la firme américaine proposera initialement 500 articles, allant de l'alimentaire aux chaussures, des jouets aux ustensiles de cuisine.

Tmall.com est la plateforme d'Alibaba dédiée aux professionnels (B2C). Les marques et entreprises peuvent y ouvrir des «boutiques» virtuelles, hébergées par le site après contrôles préalables.

Incontournable, Tmall contrôle plus de 50 % du marché chinois des transactions de professionnels à particuliers.

L'annonce peut surprendre, car Amazon et Alibaba sont souvent considérés comme des concurrents, notamment à un moment où le groupe chinois, fondé par l'emblématique Jack Ma, ne cache pas ses ambitions de se développer aux États-Unis pour y rivaliser sur leurs terres avec les géants américains de l'internet.

À l'inverse d'Amazon cependant, Alibaba ne possède pas en propre, dans des entrepôts, les articles proposés à la vente sur ses plateformes: au contraire, à l'image d'eBay, il se contente d'être l'intermédiaire entre vendeurs et acheteurs.

Par ailleurs, Amazon possède déjà son propre site de commerce électronique en Chine: il avait racheté le site chinois Joyo.com en août 2004, avant de le rebaptiser en 2007 avec «amazon.cn» comme adresse.

Mais cette version chinoise d'Amazon n'a jamais décollé, écrasée par la concurrence acérée de ses rivaux chinois Alibaba - dont l'autre plateforme Taobao contrôle 90 % des échanges de particuliers à particuliers -, mais aussi JD.com.

Alibaba a donc changé de stratégie et cherche désormais à attirer des consommateurs chinois via l'une des plateformes qu'ils fréquentent majoritairement. La firme américaine avait déjà ouvert l'an dernier sur Tmall une boutique proposant sa liseuse Kindle.

«Le marché chinois du commerce en ligne explose, et personne n'a envie de passer à côté. C'est ce qui pousse Amazon à se trouver de nouveaux canaux de distribution», a indiqué à l'AFP Yang Xiao, de la firme de services de commerce électronique HC International.

Selon lui, «le modèle d'Amazon ressemble davantage à celui de JD.com», le numéro deux chinois de la vente en ligne, qui possède lui aussi ses stocks de produits et ses propres circuits logistiques.

Dans ces conditions, «il s'agit d'une simple logique stratégique [de s'associer à Alibaba], l'ennemi de votre ennemi devient votre ami», a indiqué M. Yang.

La Chine, qui compte plus de 620 millions d'internautes, a dépassé en 2013 les États-Unis en termes de commerce électronique.

«Nous accueillons Amazon dans l'écosystème Alibaba, et sa présence va élargir encore davantage l'offre de produits et l'expérience de magasinage proposée sur Tmall», s'est pour sa part réjouie une porte-parole d'Alibaba interrogée par l'AFP.