L'économie canadienne a fait mieux au dernier trimestre de 2014 que ce que prévoyaient les analystes, avec un taux de croissance de 2,4 %, mais les experts préviennent que la chute des prix du pétrole n'a pas encore fini son oeuvre.

Le taux de croissance annuel pour le quatrième trimestre de 2014 mesuré par Statistique Canada est près de la prédiction de 2,5 % de la Banque du Canada mais il a battu la prévision des économistes, qui était en moyenne de 2,0 %, selon la firme Thomson Reuters. Ce taux est un autre signe qui pourrait pousser la banque centrale à maintenir, mercredi, son taux directeur à 0,75 %.

Mené par des gains dans les industries, le produit intérieur brut a augmenté de 0,3 % au mois de décembre en comparaison avec le mois précédent, ce qui était supérieur aux attentes des économistes, qui prévoyaient une croissance de 0,2 %.

Statistique Canada a démontré que le secteur de l'exploitation du pétrole et du gaz avait largement contribué à la croissance dans les trois derniers mois de l'année, même si cette contribution a diminué au cours des mois de novembre et décembre.

La semaine dernière, Stephen Poloz, le gouverneur de la Banque du Canada, a affirmé que la baisse surprise du taux directeur au mois de janvier lui avait donné du temps pour évaluer l'impact de la baisse des prix du pétrole sur l'économie. Cette déclaration laisse croire que le taux directeur ne baissera pas ce mois-ci comme plusieurs l'avaient prédit.

La banque centrale a surpris les marchés en janvier lorsqu'elle a abaissé son taux directeur d'un quart de point, pour le faire passer à 0,75 %. À ce moment, M. Poloz avait déclaré que cette décision visait à offrir une assurance contre la chute des prix du pétrole brut, qui étaient «assurément néfastes» pour l'économie.

Les dernières données de Statistique Canada concernant l'inflation, aussi publiées la semaine dernière, sont plus élevées que ce qui était prévu par la Banque du Canada, ce qui réduit également les attentes quant à une autre baisse du taux directeur, mercredi.

Selon l'économiste principal de la Banque CIBC Avery Shenfeld, la décision du gouverneur Poloz dépendra en fait de ce qu'il voudra attendre ou non d'autres données sur les dommages causés à l'économie canadienne par la chute vertigineuse des prix du pétrole.

«Les effets néfastes sur l'emploi et sur les dépenses en capitaux dans le secteur de l'énergie ne seront pas vraiment visibles avant le deuxième trimestre de 2015», a estimé M. Shenfeld, qui s'attend à ce que la Banque du Canada réduise son taux directeur mercredi ou au prochain rendez-vous, le mois prochain.

«Ces chiffres nous disent d'où nous venons, mais pas beaucoup vers quoi nous allons», a ajouté l'économiste de la CIBC.

Son collègue de la Banque TD, Randall Bartlett, rappelle que le chiffre de 2,4 % de croissance peut paraître réjouissant à première vue, mais que «si on y regarde de plus près, il s'agit en fait d'un bien faible trimestre». Ainsi, dit-il, certains gains sont attribuables à l'accumulation des inventaires, mais aussi à une faible croissance des investissements.

Statistique Canada a par ailleurs revu à la hausse les taux de croissance du PIB pour les deuxième et troisième trimestres de 2014: 3,8 % au lieu de 3,6 pour le deuxième trimestre, et 3,2 % au lieu de 2,8 pour le troisième.