Le groupe informatique américain Hewlett Packard, déjà en restructuration depuis trois ans du fait de la crise du marché du PC et en pleins préparatifs de scission, a maintenant un problème supplémentaire: le dollar fort.

HP a fortement déçu Wall Street mardi en abaissant sa prévision de bénéfice annuel. Pour son exercice décalé entamé début novembre, il n'attend plus qu'un bénéfice par action hors éléments exceptionnels entre 3,53 et 3,73 dollars, contre encore 3,83 à 4,03 dollars visés il y a trois mois.

C'est aussi très en-dessous des 3,95 dollars espérés jusqu'ici par les analystes, pour qui cette donnée sert de référence.

HP s'est justifié en rappelant que le cours du dollar face aux autres devises s'était «renforcé considérablement» depuis novembre.

Une série de multinationales américaines ont déjà prévenu que les changes défavorables allaient amputer leurs bénéfices et leurs revenus cette année. Et «pour HP le défi est particulièrement important, avec 65% de nos revenus venant d'en dehors des Etats-Unis», a fait valoir la PDG, Meg Whitman, lors d'une téléconférence avec des analystes.

Le groupe a réussi à limiter l'impact sur le trimestre écoulé et continuera de le faire en partie en jouant sur ses prix et en améliorant sa productivité. «Mais compenser complètement des mouvements de devises de cette ampleur demanderait de réduire les investissements et d'hypothéquer notre avenir. Nous ne ferons pas cela», a-t-elle prévenu.

Gros contrat avec Deutsche Bank

La déception était sensible à Wall Street, où l'action HP perdait près de 7% vers 00H00 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture.

A la dégradation de la prévision se sont en effet ajoutés des résultats mitigés pour le premier trimestre de l'exercice.

Le bénéfice par action a dépassé d'un cent la prévision des analystes, à 92 cents, mais le bénéfice net est en recul de 4% à 1,4 milliard de dollars.

Le chiffre d'affaires accuse également une baisse plus prononcée qu'attendu: il a diminué de 5% à 26,8 milliards, quand les analystes espéraient quelque 500 millions de dollars de plus.

Le déclin atteint notamment 11% à 5 milliards de dollars dans les services aux entreprises.

Les revenus ont par ailleurs stagné à 8,5 milliards de dollars dans les PC, dont HP reste le deuxième fabricant mondial derrière le chinois Lenovo. Malgré la concurrence des smartphones et des tablettes, le groupe américain a quand même réussi à augmenter d'un solide 21% ses ventes d'ordinateurs portables, qui ont représenté un peu plus de la moitié des revenus de la division (4,7 milliards).

La direction de HP a quand même confirmé sa prévision d'un chiffre d'affaires annuel stable à changes constants, notant qu'il devrait être aidé en deuxième partie d'année par de nouveaux contrats.

La banque allemande Deutsche Bank a ainsi annoncé mardi matin avoir confié au groupe américain la modernisation de son système informatique, évaluée à «plusieurs milliards de dollars» sur dix ans, selon son communiqué.

La scission coûtera 2,5 milliards

«Le redressement de HP est en bonne voie», a réaffirmé Mme Whitman, voyant notamment un signe positif dans l'amélioration des marges de presque toutes les activités comparé à un an plus tôt.

Face à la crise du PC, le groupe a taillé ces dernières années dans ses coûts et ses effectifs. Au total 44.000 personnes sont parties entre 2012 et fin janvier 2015, un chiffre qui devrait atteindre les 55.000 cette année, a rappelé la directrice financière, Cathie Lesjak.

HP doit par ailleurs se scinder d'ici fin octobre en deux sociétés indépendantes, pour séparer ses activités historiques de matériel informatique (PC et imprimantes) des services jugés désormais plus porteurs.

Mme Lesjak a précisé que les coûts de cette opération «sans précédent en termes de taille et de complexité» grèveraient les comptes à hauteur de 1,3 milliard de dollars avant impôts cette année et de 500 millions l'an prochain. Et il faudra y ajouter cette année une charge fiscale chiffrée à 750 millions de dollars.