Après deux mois de toussotement, le marché du travail canadien a montré des signes de réanimation en janvier alors que celui des États-Unis continue de carburer à plein régime.

Les 35 400 emplois de plus au Canada par rapport à décembre, dont 16 000 au Québec, ne doivent pas faire illusion.

Les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada indiquent que tous ces nouveaux emplois sont à temps partiel et dans la catégorie fragile des travailleurs autonomes. Les 47 200 de plus dans cette catégorie représentent la plus forte variation mensuelle en plus de trois ans.

Il y a 11 800 emplois à temps plein en moins. Le nombre d'heures travaillées n'a d'ailleurs augmenté que de 0,1% au cours du mois et de 0,3% à peine en un an.

Reste que cela a été suffisant pour faire reculer d'un cran le taux de chômage canadien à 6,6% et québécois à 7,4%.

Dans le cas du Québec, il s'agit du meilleur mois depuis mars 2014, précise l'agence fédérale. On y compte néanmoins 4400 emplois à temps plein de moins qu'en décembre et à peine 600 de plus qu'il y a un an.

Tout comme à l'échelle canadienne, les nouveaux emplois québécois sont concentrés dans le secteur des services, et en particulier dans le segment professionnel et technique, là où il est sans doute moins difficile de devenir son propre employeur.

Le secteur québécois des biens compte 9600 emplois de moins alors qu'il s'en est ajouté pourtant 19 300 dans le reste du Canada, dont 10 700 dans la fabrication (mais à peine 500 au Québec).

Depuis un an, le travail en usines est en baisse de 1,0%, d'un océan à l'autre, mais de 3,4% au Québec.

La seule autre province canadienne à avoir enregistré une augmentation signification du nombre d'emplois est l'Alberta avec 13 700, malgré la perte de 1000 dans l'exploitation des richesses naturelles. Depuis un an, le nombre d'emplois y est en baisse de 2,9%, mais ce segment embauche moins de 8% de la population active de la province. Bien des travailleurs de l'industrie des hydrocarbures ne sont pas engagés directement dans les activités de forage ou d'extraction. Les entreprises tributaires de l'industrie diminueront sans doute leurs effectifs au cours des prochains mois.

Il y avait 4800 Canadiens de moins dans le commerce de détail en janvier. Fait à garder en tête, l'EPA a été menée durant la semaine où Target annonçait sa sortie du Canada. Ses employés n'étaient pas encore licenciés.

L'effectif dans les magasins devrait continuer de diminuer pendant quelques mois encore. Cette industrie est aux prises à la fois avec la vive concurrence des chaînes américaines et la popularité grandissante des achats en ligne.

La poussée du travail autonome illustre bien les hésitations des entreprises à gonfler leurs effectifs. Le nombre moyen d'embauches mensuelles par le secteur privé est d'à peine 5500 depuis un an.

C'est un peu comme si les entreprises attendaient que l'économie américaine fonctionne à pleine capacité et doive se tourner vers des fournisseurs étrangers pour satisfaire sa demande.

Si tel est le cas, ce pourrait bientôt survenir. En janvier, le nombre de salariés non agricoles a bondi de 257 000 chez nos voisins. Si le taux de chômage a augmenté d'un cran à 5,7%, c'est que davantage d'Américains se sont remis à chercher activement du travail. Le taux d'activité, qui mesure la proportion des 16 ans et plus qui détient ou se cherche un emploi, a augmenté de deux crans, à 62,9%, ce qui reste encore loin toutefois des 65,7% observés au Canada, selon la méthodologie américaine.

L'amélioration du marché du travail américain se confirme de mois en mois. Les embauches pour les mois de novembre et décembre ont d'ailleurs été revues à la hausse par le Bureau of Labor Statistics: 423 000 et 329 000, respectivement, portant le total à 3,12 millions pour l'ensemble de 2014 contre à peine 121 000 au Canada, soit 25 fois moins.