Le marché canadien de l'emploi a surfé sur une vague d'emplois à temps partiel le mois dernier, surpassant les prévisions et semblant en passe de remettre à plus tard l'impact du déclin attendu des conditions du secteur pétrolier.

Mais les données dévoilées vendredi par Statistique Canada, qui faisaient état d'une création nette de 35 400 emplois en janvier, contenaient aussi des signes moins encourageants pour l'économie.

D'une part, le rapport a signalé la disparition de 11 800 emplois à temps plein le mois dernier. En outre, le nombre de postes d'employés - toute personne travaillant à temps plein ou partiel pour un employeur, et non en tant que travailleur autonome - a diminué de 5700.

Ces déclins jettent une ombre sur le fait que le taux de chômage a glissé à 6,6 % grâce à la création de 47 200 emplois à temps partiel.

Les détails les moins encourageants du rapport de Statistique Canada renforcent l'idée que la Banque du Canada puisse se préparer à une nouvelle réduction d'un quart de point de son taux d'intérêt directeur, le mois prochain. Un tel geste serait perçu comme une assurance supplémentaire visant à atténuer encore davantage l'impact du plongeon du prix du pétrole brut.

Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, a estimé le mois dernier que les conséquences du recul du prix du pétrole seraient «indéniablement négatives» pour l'économie canadienne.

«Ce n'est pas le meilleur genre de croissance de l'emploi», a observé l'économiste Leslie Preston, de la Banque TD, au sujet des gains dans les catégories de l'emploi à temps partiel et du travail autonome.

«Nous croyons que ceci pave la voie à une perte d'élan pour le marché de l'emploi canadien.»

L'économie canadienne a accueilli 41 100 nouveaux travailleurs autonomes le mois dernier.

Le taux de chômage était par ailleurs 0,1 point de pourcentage inférieur aux projections des économistes, qui misaient par ailleurs sur un ajout net de 4500 emplois, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

«Les chiffres sur l'emploi au Canada étaient bons, mais pas aussi bons qu'ils n'en avaient l'air au premier coup d'oeil, compte tenu de l'importance des postes à temps partiel et du travail autonome», a pour sa part estimé l'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, dans une note à ses clients.

«Les détails ne feront pas les manchettes, mais dans l'ensemble, au moins, c'est un signe que la baisse du produit intérieur brut de novembre, et la diminution du nombre d'emplois de décembre, n'annonçaient pas un déclin économique en bonne et due forme.»

Statistique Canada a récemment indiqué que le produit intérieur brut avait retraité de 0,2 % en novembre par rapport au mois précédent - une lecture plus faible que celle attendue - principalement en raison des déclins des secteurs de la fabrication et des ressources naturelles.

La plus récente enquête sur le marché de l'emploi fait état d'une perte de 8800 emplois dans le secteur des ressources naturelles en janvier, alors que l'impact du plongeon du cours du pétrole se fait ressentir. Le nombre d'emplois dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a progressé de 22 400.

Au cours des 12 mois ayant mené à janvier, le Canada a réalisé un gain net de 127 600 emplois, dont 107 800 à temps plein et 19 900 à temps partiel.

Du côté des différentes provinces, le Québec, l'Alberta, le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard ont toutes enregistré des gains nets le mois dernier, tandis que la Saskatchewan a perdu 8400 emplois le mois dernier et a vu son taux de chômage passer de 3,7 % à 4,5 %.

Au Québec, un total de 16 000 nouveaux emplois sont apparus au mois de janvier, ce qui représentait la première hausse significative à ce chapitre depuis mars 2014. Mais ce gain n'était attribuable qu'à l'ajout de 20 400 emplois à temps partiel, tandis que le nombre d'emplois à temps plein reculait de 4400. Le taux de chômage provincial a reculé de 0,1 point à 7,4 %.

Sur la période de 12 mois ayant pris fin en janvier 2015, l'emploi était essentiellement inchangé dans la province.

Selon le rapport, le taux de chômage chez les jeunes a aussi retraité de 0,7 point de pourcentage le mois dernier à 12,8 %, tandis que 30 300 jeunes de plus avaient un emploi par rapport à un an plus tôt.

Le nombre de femmes âgées de 25 à 54 ans ayant un emploi a aussi progressé de 34 500 le mois dernier, tandis que les hommes du même âge étaient moins nombreux de 6000 à travailler, ce qui a fait grimper le taux de chômage dans cette catégorie à 5,8 %, par rapport à 5,7 % le mois précédent.