Il a littéralement changé le monde en fondant Apple en 1976 avec Steve Jobs. Celui qu'on appelle parfois «l'autre Steve», Wozniak, sera à Montréal le 16 février prochain, à l'invitation de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. La Presse l'a eu au bout du fil le temps d'une entrevue, dont voici des extraits.

De quoi allez-vous parler à Montréal?

Il va surtout être question de la fondation d'Apple Computers, du fait de prendre des risques, d'entrepreneuriat. Du fait qu'il faut faire les choses différemment, pour changer le monde et ne pas suivre ce que tout le monde fait. Je vais parler d'éducation, une valeur à laquelle je suis très attaché, et plus particulièrement de technologie liée à l'éducation. Et je vais parler de la direction que va prendre la technologie dans le futur.

Considérez-vous qu'Apple est toujours aussi innovatrice qu'à ses débuts?

Le monde de la technologie est quelque peu chaotique, aujourd'hui... Apple a fait sa marque en étant la première à sauter dans de nouvelles technologies et à définir le futur. Je ne crois pas qu'Apple ait perdu ça, dans l'esprit des gens ou en réalité. Mais on ne peut pas espérer un nouveau type d'appareil comme le iPhone chaque année! Apple est sur une très bonne lancée. L'Apple Watch va être la plus impressionnante des montres connectées qu'on aura jamais vues, mais on ne peut pas dire que ce soit extrêmement innovateur.

Les ordinateurs devaient nous laisser plus de temps libre, mais les gens se disent de plus en plus occupés. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

Quand j'étais jeune, je voulais devenir ingénieur parce que je sentais que je pouvais fabriquer des appareils qui rendraient la vie plus facile, qu'on n'aurait plus à travailler que quatre jours par semaine. Or, maintenant, nous travaillons à temps plein dans des emplois stressants. L'ordinateur et l'internet, qui nous donnent la capacité de communiquer n'importe où au monde, ont en fait rendu la vie plus complexe, avec plus de possibilités. Moi-même, je me sens prisonnier, je passe tellement d'heures sur l'internet, je suis accessible.

Les premiers modèles d'ordinateurs que vous avez conçus avaient 48 K de mémoire vive. Aujourd'hui, ils sont 10 000 fois plus puissants, en théorie. Vous attendiez-vous à cela?

À cause de la loi de Moore, on savait qu'il allait y avoir de plus en plus de mémoire chaque année pour un prix abordable. Ça fait trois décennies que ça dure. Le résultat, c'est qu'on ne peut faire de prédictions que dans un horizon de quelques années. Quand on a construit le premier ordinateur, on ne pensait même pas qu'un ordinateur personnel aurait un jour assez de mémoire pour contenir une seule chanson! Nous savions que les ordinateurs allaient prendre de plus en plus de place dans nos vies, mais nous ne savions pas ce que ça signifiait au juste.