La rénovation du luxueux train touristique Rocky Mountaineer aura d'intéressantes retombées au Québec.

La firme montréalaise Morelli Designers, de Montréal, concevra la décoration intérieure des voitures. Voltam, de Chicoutimi, se penchera sur tous les systèmes électriques. Rail GD, à New Richmond, en Gaspésie, procédera aux travaux de rénovation. Mais le grand maître d'oeuvre du projet, c'est Canarail, une firme de génie-conseil ferroviaire établie à Montréal, qui prend de plus en plus de place sur la scène mondiale.

Canarail a réalisé plus de 800 projets partout sur la planète, de l'Afghanistan à la Zambie, en passant par la Mongolie et le nord du Québec. Canarail effectue notamment des études de faisabilité ainsi que la conception et l'ingénierie de divers projets. Elle est spécialisée dans le transport de fret minéralier, sans toutefois s'y limiter.

Un beau contrat

Le contrat du Rocky Mountaineer, d'une valeur de plusieurs millions de dollars, permet à Canarail de développer une nouvelle expertise: la réalisation d'un projet de rénovation de voitures pour passagers.

«C'est une belle opportunité, souligne Miguel Valero, président et chef de la direction de Canarail, dans une entrevue avec La Presse Affaires. C'est une façon de faire qui est un peu nouvelle pour nous par rapport à ce que nous faisions depuis plusieurs années, soit des travaux d'ingénierie et de la gestion de projet. Ça nous ouvre de nouvelles opportunités et ça répond à un besoin du marché nord-américain.»

Les sociétés de transport qui ont de grandes flottes ont souvent l'expertise voulue pour superviser des projets de rénovation, mais les sociétés qui ont des flottes plus restreintes, comme Rocky Mountaineer, avec ses 16 voitures Gold Leaf, ont davantage besoin d'aide externe.

«Avec les voitures Gold Leaf, le Rocky Mountaineer est la Rolls-Royce des trains touristiques, lance M. Valero. C'est une belle carte de visite.»

Née d'une décision du CN et du CP

Canarail est née au début des années 90, à la suite d'une série de réductions d'effectifs au Canadien National et au Canadien Pacifique. Des ingénieurs expérimentés, trop jeunes pour envisager la retraite, ont décidé de fonder une firme de génie-conseil. Ils ont établi un partenariat avec Systra, filiale de génie-conseil de la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) et de la RATP (Régie autonome des transports parisiens).

Actuellement, Canarail travaille notamment sur une étude de faisabilité d'un lien ferroviaire de 300 kilomètres dans le nord de l'Afghanistan et sur un lien de 2400 kilomètres en Arabie saoudite. En novembre dernier, le gouvernement du Québec lui a confié la réalisation d'une étude de faisabilité d'un lien ferroviaire de 310 kilomètres entre Sept-Îles et la fosse du Labrador, dans le cadre du Plan Nord.

En pleine croissance

Canarail est en pleine croissance. M. Valero ne veut pas révéler son chiffre d'affaires, l'entreprise étant maintenant une filiale de Systra, mais il a indiqué qu'elle aura triplé son chiffre d'affaires entre 2011, au moment où M. Valero a accédé à sa présidence, et la fin de 2015.

M. Valero, qui avait travaillé dans plusieurs multinationales américaines, a été séduit par le potentiel de Canarail, par sa réputation internationale, mais aussi par sa vision à long terme.

«J'étais un peu lassé de la dictature de la fin du trimestre», lance-t-il.

Canarail, spécialisée dans la niche ferroviaire, a été épargnée par la tempête qui a secoué le monde du génie-conseil québécois. Sa réputation est demeurée intacte. Elle entend donc poursuivre sa croissance.

Pour M. Valero, il est important de demeurer ouvert aux nouvelles idées.

«Canarail est un laboratoire d'innovation en raison de sa taille plus petite, qui lui permet d'être plus flexible, plus réactive au marché, soutient-il. Il faut garder cet esprit entrepreneurial qui nous permet d'essayer de nouvelles choses.»

Il faut également veiller à la bonne réalisation des projets. «Il n'y a rien de plus facile que de gagner des contrats, affirme le grand patron de Canarail. Le défi, c'est de réaliser ces contrats à la satisfaction du client tout en faisant de l'argent.»

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CANARAIL

> Création: 1991

> Effectifs: environ une centaine d'employés à Montréal, des dizaines d'employés disséminés dans le monde

> Société mère: Systra

Le plus:

La plus grande force de Canarail, c'est sa réputation, selon Miguel Valero, président et chef de la direction de Canarail.

«Son actif le plus important, c'est sa réputation en termes de qualité, en termes d'intégrité. Ça ouvre la porte à plein de projets.»

Le moins:

Le plus grand défi de Canarail, c'est le recrutement et la formation de personnel qualifié pour accompagner sa croissance.

«Le contexte nous aide, déclare toutefois M. Valero. C'est plus facile qu'il y a deux ou trois ans parce qu'il y a eu beaucoup de mises à pied dans les firmes d'ingénierie et qu'il y a plus de gens qui veulent partir: ils sont plus réceptifs au recrutement.»