Le géant américain des puces informatiques Intel, qui cherche à se diversifier en dehors du marché en crise du PC, a dégagé des bénéfices meilleurs que prévu l'an dernier, mais ses prévisions pour le début de 2015 inquiètent.

D'après des résultats publiés jeudi soir, le bénéfice net a grimpé de 22% à 11,7 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2014, dont 3,7 milliards (+39%) au quatrième trimestre. Le bénéfice trimestriel par action, qui sert de référence à Wall Street, a ainsi dépassé la prévision moyenne des analystes de 8 cents, à 74 cents.

Le chiffre d'affaires a progressé pour sa part de 6% tant sur l'ensemble de l'année (à 55,9 milliards) qu'au quatrième trimestre (14,7 milliards).

Pour le trimestre en cours en revanche, Intel dit attendre un chiffre d'affaires entre 13,2 et 14,2 milliards de dollars. Le milieu de cette fourchette est légèrement en deçà des 13,77 milliards espérés par les analystes.

Sur la base des autres indications fournies par l'entreprise, RBC Capital Market estime en outre que le bénéfice par action devrait ressortir à 48 cents, soit 3 cents de moins que le consensus actuel du marché.

Dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, l'action Intel perdait 2,57% à 35,26 dollars vers 23H20 GMT.

- Le pari des objets connectés -

Le directeur général, Brian Krzanich, s'est félicité d'avoir «atteint ou dépassé plusieurs objectifs importants» cette année, comme «revigorer l'activité (de composants pour les) PC, faire croître l'activité pour les centres de données, établir une présence dans les tablettes», tout en reconnaissant qu'il y a «encore de quoi faire en 2015».

Intel, dont la réputation repose surtout sur ses puces pour PC, souffre de la crise que traverse depuis trois ans ce marché, cannibalisé par les tablettes informatiques et les téléphones intelligents.

Même si leur déclin a ralenti après une chute de 10% en 2013, les ventes mondiales de PC se sont encore repliées l'an dernier, ont estimé en début de semaine les cabinets Gartner (-0,2%) et IDC (-2,1%).

Dans ce contexte difficile, Intel a plutôt bien tiré son épingle du jeu: il affiche dans les composants pour PC des revenus en hausse de 4% à 34,7 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2014 (+3% au quatrième trimestre).

M. Krzanich, aux manettes depuis mi-mai 2013, s'efforce toutefois de trouver de nouveaux débouchés et «d'investir sur des segments émergents», une stratégie semble-t-il appréciée à Wall Street où l'action Intel a gagné 50% depuis sa prise de fonctions, pour évoluer aujourd'hui à des niveaux proches de ceux de début 2001.

L'un des secteurs sur lesquels il mise, ce sont les objets connectés. Le chiffre d'affaires d'Intel y a grimpé l'an passé de 19% à 2,1 milliards de dollars (+10% au quatrième trimestre).

Ce marché est jugé porteur dans la mesure où le nombre d'objets «intelligents» dans le monde pourrait atteindre 50 milliards d'ici 2020, soit 25 fois plus que le nombre actuel de smartphones en utilisation, selon des estimations de l'équipementier en télécoms Cisco.

Intel espère en particulier se faire une place sur le créneau de l'électronique «prête-à-porter», intégrée aux vêtements ou à des accessoires comme les montres, les lunettes, les ceintures... («wearables»). Il a ainsi dévoilé la semaine dernière une nouvelle puce baptisée «Curie», de la taille d'un bouton et visant tout spécialement cette catégorie, dans laquelle M. Krzanich dit voir «la nouvelle génération d'informatique».

Intel cherche en revanche toujours à devenir rentable dans le mobile, où il s'est fait distancer par des rivaux comme Qualcomm ou ARM et où il a encore accusé une perte d'exploitation de 4,2 milliards de dollars l'an dernier (dont 1,1 milliard au quatrième trimestre).

M. Krzanich a expliqué que son objectif en 2014 était de s'établir comme «un acteur sérieux» sur ce marché, un but selon lui atteint avec 46 millions de tablettes vendues l'an dernier intégrant des composants Intel. Il s'agit désormais selon lui de réduire les coûts, ce à quoi la nouvelle puce à bas prix SoFIA, conçue spécialement pour les smartphones, devraient contribuer en particulier à partir du deuxième semestre, a-t-il assuré.